A propos des droits et des devoirs
Il est fréquent d’entendre dire que nous vivons dans un «état de droit», tout du moins dans les pays démocratiques. Par cette expression, on entend que ces pays sont régis par des lois qui permettent à chacun de saisir la justice et de faire valoir ses droits en tant que citoyen. Elle renvoie également à la «Déclaration des droits de l’homme et du citoyen», promulguée en France en 1789, mais très inspirée de la Déclaration de l’indépendance américaine de 1776. On attribue souvent cette Déclaration dite universelle à la Franc-Maçonnerie de l’époque, mais il s’agit en fait d’une œuvre collégiale à laquelle ont participé des penseurs et des philosophes dont beaucoup n’étaient pas Francs-Maçons.
Il est légitime, dans une société civilisée, que tout citoyen puisse, non seulement faire appel au droit en cas de nécessité, mais également bénéficier de droits sociaux. Les pays dans lesquels ce n’est pas le cas sont généralement des dictatures liberticides où les dirigeants usent et abusent du pouvoir, et où, au niveau du peuple, règne la “loi du plus fort”. De toute évidence, cette “loi” est l’antinomie du droit et la négation des droits. Et si la démocratie n’est pas exempte de faiblesses et de contradictions, elle demeure à ce jour la forme de gouvernement qui favorise le mieux l’égalité entre les citoyens et la défense de leurs intérêts les plus légitimes.
Si la notion de droit(s) est fondamentale dans la vie en société, il en est une autre qui l’est tout autant : celle de devoir(s). Or, il me semble évident que celle-ci est la grande absente du débat public et trouve très peu d’écho dans les comportements. Pourtant, si chacun s’acquittait de ses devoirs envers autrui et la société en général, il y aurait peu de droits à revendiquer, car les relations humaines seraient fondées sur le respect de chacun et sur la volonté de privilégier le bien commun. Pour qu’il en soit ainsi, il faudrait faire de l’éthique le fondement de la vie citoyenne, ce qui suppose un changement radical dans les mentalités.
D’un point de vue philosophique, la notion de devoir est plutôt fondée sur le «donner», en ce sens qu’elle exige de donner de soi-même au profit de l’autre. À titre d’exemple, se faire un devoir de respecter autrui implique de manifester à son égard le meilleur de nous-mêmes. La notion de droit, quant à elle, est plutôt fondée sur le «recevoir», dans la mesure où quiconque fait valoir tel ou tel droit attend de quelqu’un, d’une institution ou de la société que l’on réponde favorablement à sa demande. Une personne, par exemple, qui revendique le droit à être logée, le fait dans la perspective qu’on lui trouve un logement. Cela étant, «donner» et «recevoir» ne sont pas antinomiques, pas plus que ne le sont les droits et les devoirs.
L’idéal, dans une société véritablement civilisée, est de faire en sorte qu’il y ait un équilibre entre les droits et les devoirs de chacun. À son époque, Pythagore, considéré comme l’un des plus grands législateurs que la Grèce ait connus, le disait déjà. Dès lors que les citoyens en viennent davantage à revendiquer des droits qu’à s’acquitter de leurs devoirs, il en résulte un déséquilibre dans la société et une déliquescence des mœurs. De mon point de vue, le monde en est là aujourd’hui, ce qui explique en grande partie son état actuel. C’est d’ailleurs ce qui a incité les responsables de l’A.M.O.R.C. à publier en 2006 une «Déclaration des devoirs de l’Homme», parue à l’époque dans des journaux et des revues de premier plan.
Serge Toussaint
Grand Maître de l’Ordre de la Rose-Croix
JC RCS
25 avril 2017 @ 15 h 23 min
Chaque humain a des droits et des devoirs non seulement envers lui-même mais également envers la société et son environnement. Et comme le monde ne s’est pas fait en un jour, chacun teste dans ses incarnations une facette ou une autre pour son évolution en tant qu’individu investi du libre arbitre.
Et d’une incarnation à l’autre (grand sujet…) l’individu acquiert une connaissance plus grande et des valeurs comme l’éthique, le don de soi, le service altruiste, etc… plus poussé et acquis tout le long de ses pérégrinations en ce monde. Et il se dirige sûrement et ardemment dans le service aux autres où donner est devenu une évidence. Les lois qui nous régissent sont le fruit d’oeuvres collégiales pour nous canaliser, guider et éviter une dérive anarchique et mener la société dans son ensemble harmonieusement et en respectant tout un chacun et vice versa.
JC RCS
25 avril 2017 @ 10 h 43 min
Chaque être humain a des droits et des devoirs non seulement envers lui-même mais également envers la société. Et comme le monde ne s’est pas fait en un jour, chacun teste dans son incarnation actuelle une facette ou une autre en fonction de son évolution en tant qu’individu investi du libre arbitre.
Et d’une incarnation à l’autre (grand sujet…) l’individu acquiert une connaissance plus grande et des valeurs comme l’éthique, le don de soi, le service altruiste, etc… plus poussé et acquis tout le long de ses pérégrinations en ce monde. Et il se dirige sûrement et ardemment dans le service aux autres où donner est devenu une évidence.
Les lois qui nous régissent sont le fruit de l’évolution au travers d’oeuvres collégiale pour canaliser, guider et éviter une dérive anarchique et mener la société dans son ensemble harmonieusement et en respectant tout un chacun et vice versa.
esther melèdje
24 avril 2017 @ 10 h 39 min
Bien sûr, toute personne sensée ne se contente pas de s’imprégner de ses droits et de ses devoirs sans les accompagner de l’action utile.
Vance Havner a dit, je cite : « La vision ne mène à rien à moins qu’elle ne se conjugue avec l’aventure, il ne suffit pas de regarder en haut des escaliers, il faut se mettre à monter les marches. »
Anne-Marie K
23 avril 2017 @ 18 h 45 min
Donner et recevoir, le devoir et le droit, doivent en effet afficher mutuellement un parfait équilibre et être en harmonie avec les grandes vertus et une éthique noble, concernant chaque individu sans exception. L’amour et le respect envers autrui, l’environnement, la Création, représentés dans le devoir et le droit de chacun, élèveront notre société et contribueront à un monde meilleur.
Cordialement
Le Tigre
23 avril 2017 @ 15 h 41 min
Toute société est régie par des règles qu’il faut respecter pour avoir un certaine cohésion. Il en découle des droits et devoirs de chacun dans cette communauté d’hommes et de femmes.
Angélique
21 avril 2017 @ 13 h 07 min
Effectivement, s’il y a un ‘donneur’, c’est bien parce qu’il y a un ‘receveur’ à qui ‘donner’ et vice versa. Comme vous le mentionnez, il en est de même pour les ‘droits’ et les ‘devoirs’. Nous pouvons également comprendre que s’il existe des ‘états de droit’, régis pas des lois soulignant nos droits et devoirs, c’est aussi parce que les êtres humains sur cette terre ne cherchent pas actuellement à tenir naturellement la balance en équilibre entre leurs ‘droits’ et leurs ‘obligations’. En cette ère, pour éviter les abus, il semblait nécessaire d’aider les humains à faire la part des choses, par des lois et des règles, pour que tout un chacun puisse avoir ‘droit’ à une vie décente.
Par contre, les personnes ayant un penchant pour l’abus, à qui une éthique de vie respectueuse envers soi-même et envers autrui ne suffit pas pour respecter les ‘droits’ et les ‘obligations’ pour vivre en équilibre dans la société, vont également détourner les lois à leur profit. Comment alors motiver l’humain à retrouver ou à développer son sens de la responsabilité, qui est inné à tout homme ou femme. Je pense personnellement que c’est aussi le rôle de chaque personne de montrer au moins l’exemple et d’oser rappeler nos concitoyens à leurs ‘devoirs de l’Homme’, leurs ‘devoirs de citoyenneté’, etc. Des initiatives tel que celle de l’AMORC sont fort appréciables et méritent d’être publiées plus largement.
D’autre part, il est clair que la société partant d’un point de vue positif d’octroyer le droit à une vie décente à tous, amène une partie de la population à se reposer sur ces droits, voire exiger des droits sans faire aucun effort de leur côté. Nous pouvons voir là une attitude paternaliste, créant la dépendance, également acceptée par facilité ou par dépit d’autres solutions ou motivations par une majorité. Nous sommes loin d’une éducation qui soutient le proverbe « Donne un poisson à un homme, il mangera un jour; apprends-lui à pêcher, il mangera toute sa vie », et qui mène l’humain à être responsable et à devenir autonome. Comme tout être, l’enfant deviendra adolescent et l’adolescent deviendra adulte, responsable et autonome un jour, tôt ou tard !
Lermite
20 avril 2017 @ 15 h 30 min
Cette dualité, droits et devoirs, est bien présente en milieu de travail. Alors que l’employé revendique ses droits, l’employeur lui fait part de ses obligations et, ni l’un ni l’autre ne soulèveront l’aspect du devoir mutuel de l’un envers l’autre.
Que ce soit en nous ou autour de nous, il s’agit ni plus ni moins qu’un rapport de force qui se joue entre le «servir ou être servi». Je trouve que cette lutte s’apaise d’elle-même lorsque notre désir de paix nous conduit vers le sentiment de privilège. Nous sentir privilégiés pour tout ce que nous pouvons recevoir, et nous sentir privilégiés tout autant de pouvoir participer au privilège de l’autre, m’apparaît comme le plus bel équilibre qui soit entre les droits et les devoirs.
Bien entendu, dans le monde actuel, il nous faut encore prôner le faire valoir des droits, notamment envers les plus démunis, envers les animaux, envers la planète, car nous ne nous sommes pas encore fait un devoir collectif de cheminer vers l’équilibre.
Isora
20 avril 2017 @ 14 h 31 min
C’est le devoir (obligation) qui crée le droit (ce qui est juste), non le contraire, du respect de l’équilibre entre les deux et de la responsabilité qui naît entre eux. Si l’on accepte les définitions, on peut remarquer que le droit est par essence inné ; le devoir, lui, est acquis. Cordialement.
Pax Vobiscum
20 avril 2017 @ 12 h 48 min
Les entraves culturelles à la liberté individuelle, particulièrement celles qui trouvent leur origine dans certains dogmes religieux, lancent, à mon avis, l’un des plus grands défis à la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Sans vouloir froisser la sensibilité des fondamentalistes de tous bords, je me demande comment, par exemple, il est possible de croire que Dieu interdit le mariage d’une fille avec le garçon de son choix au motif que celui-ci confesse une Foi différente? Qu’est-ce qui nous empêche d’ « ouvrir les yeux » sur l’injustice que nous nous imposons au Nom de Dieu (à tort) ou sous prétexte d’interdits culturels (tabous)? La loi divine pour l’homme, c’est l’Amour universel, car toute la Création émane de Lui. Cet amour se matérialise à travers le respect de l’homme pour son prochain et pour son environnement (animaux et nature). Et c’est précisément le respect de l’homme que préconise la Déclaration des devoirs de l’Homme.
esther melèdje
20 avril 2017 @ 11 h 02 min
Ce qu’il importe d’ajouter au texte du Grand Maître est qu’il est fortement recommandé de reprendre connaissance de la « Déclaration des droits de l’homme et du citoyen » promulguée en France en 1789, et aussi de la « Déclaration rosicrucienne des devoirs de l’Homme » pour ceux qui ignorent son existence.
Patrick
20 avril 2017 @ 9 h 44 min
Il ne faut pas oublier que les droits que nous avons ont été l’oeuvre de personnes, qui à un moment de l’histoire, ont donné leur temps, leur énergie et leur persévérance.
Se servir de ses droits est bien, mais à notre tour nous sommes redevables, nous devons continuer à bâtir, à donner, à respecter. C’est un devoir pour les générations futures.
Donner, pas forcément dans le sens strictement matériel, donner son temps, son énergie, ses conseils… pour contribuer à un monde meilleur.
En outre, donner nous met davantage dans un état de joie, de plénitude, de réalisation, que n’a pas le fait de « faire valoir exclusivement nos droits ».