Les Rose-Croix aujourd’hui : leur humanisme, leur spiritualité

Serge Toussaint explique dans cet opuscule en quoi la philosophie rosicrucienne, à la fois humaniste et spiritualiste, demeure profondément actuelle. Selon lui, elle mériterait d’être mieux connue en cette période où l’humanité se cherche désespérément….

Rose-Croix aujourd'hui

Avant-Propos

« De nos jours, la spiritualité s’exprime à travers des supports très variés : les religions “officielles”, la mouvance “new age”, les “nouveaux mouvements religieux”, auxquels s’ajoutent de nombreux livres, sans parler de la multitude d’écrits que l’on trouve sur internet. Il y a aussi des mouvements ésotériques dont l’origine est ancienne et qui, malgré cette ancienneté, perpétuent une connaissance toujours actuelle. Tel est notamment le cas de l’Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix. Reconnu d’utilité publique dans plusieurs pays en raison de sa contribution à la paix, à la culture et à l’éducation, il poursuit la mission qu’il s’est toujours donnée : transmettre l’enseignement qui lui est propre et œuvrer à l’évolution des consciences, afin de contribuer à l’avènement d’un monde meilleur.

Sur le plan purement historique, l’Ordre de la Rose-Croix s’est fait connaître au début du XVIIe siècle par la publication de trois Manifestes : la «Fama Fraternitatis» (1614), la «Confessio Fraternitatis» (1615) et les «Noces chymiques de Christian Rosenkreutz» (1616). Ces trois Manifestes, connus des historiens de l’ésotérisme, s’adressaient à l’élite intellectuelle de l’époque. D’une manière générale, ils visaient à dénoncer le conservatisme religieux, mais aussi l’orientation matérialiste que prenait la science, dans sa volonté de s’émanciper de la religion. Ils en appelaient également à une régénération morale et spirituelle de l’humanité.

Quelques années plus tard, en 1623, de mystérieuses affiches émanant du «Collège principal de la Rose-Croix» furent placardées dans les rues de Paris. Contrairement aux trois Manifestes précités, ces affiches étaient destinées à un public plus large. En fait, leur but était, d’une part de faire connaître davantage la Fraternité rosicrucienne, et d’autre part d’inviter les chercheurs sincères à la rejoindre et à participer à ses travaux, non sans émettre un avertissement : «… S’il prend envie à quelqu’un de nous voir par curiosité seulement, il ne communiquera jamais avec nous.» Par la suite, des centaines de livres furent écrits au sujet des Rose-Croix, les uns sérieux, les autres fantaisistes.

S’il est vrai que l’Ordre de la Rose-Croix remonte historiquement au XVIIe siècle, son origine traditionnelle est beaucoup plus ancienne, puisqu’elle se perd dans les écoles de mystères de l’Égypte antique. Comme leur nom l’indique, ces écoles étaient des lieux où l’on étudiait les mystères de l’univers, de la nature et de l’homme lui-même. Seuls y étaient admis ceux et celles qui en avaient été jugés dignes. À ce propos, il est intéressant de noter que Michaël Maïer, éminent Rosicrucien du XVIIe siècle, déclara dans l’un de ses livres : «Nos origines sont égyptiennes, brahmaniques, issues des mystères d’Éleusis et de Samothrace, des mages de Perse, des pythagoriciens et des arabes.»

Comme l’attestent de nombreux documents, l’Ordre de la Rose-Croix a perduré au-delà du XVIIe siècle, ajoutant sans cesse des connaissances à son héritage culturel et spirituel. Parallèlement, il s’est développé et implanté dans nombre de pays. De nos jours, l’A.M.O.R.C. mène ses activités dans le monde entier et constitue une Fraternité universelle. Conformément à sa devise («La plus large tolérance dans la plus stricte indépendance»), il est ouvert aux hommes comme aux femmes, sans distinction de nationalité, de classe sociale ou de religion. Par ailleurs, il est totalement apolitique, ce qui ne veut pas dire que ses membres se désintéressent des problèmes de société et de la manière dont elle évolue.

Cet opuscule ayant pour but d’expliquer succinctement en quoi consistent l’humanisme et la spiritualité des Rose-Croix, je ne m’étendrai pas sur l’histoire de l’Ordre, depuis ses origines jusqu’à nos jours. Si ce sujet vous intéresse, je vous recommande le livre «Les Rose-Croix / histoire et mystères», considéré comme une référence en la matière, ou de consulter la rubrique «Histoire» du site internet* de l’A.M.O.R.C. Vous constaterez alors que le rosicrucianisme est un courant de pensée qui a séduit les plus grands philosophes au cours des siècles (Francis Bacon, Comenius, Descartes, Spinoza, Goethe, etc.) et qui n’a cessé de contribuer au développement de la littérature, des arts et des sciences.

Peut-être est-il utile de s’arrêter brièvement sur le mot «Ordre». Contrairement à ce que l’on pourrait penser a priori, celui-ci n’a aucune connotation religieuse ou dogmatique, et ne signifie nullement que l’A.M.O.R.C. est un mouvement qui se situe en marge de la société. À titre de comparaison, il en est de même pour l’Ordre des médecins, l’Ordre des pharmaciens, l’Ordre des avocats, l’Ordre des notaires, etc. L’Ordre de la Rose-Croix est en fait une Fraternité qui regroupe des hommes et des femmes ayant en commun d’étudier l’enseignement qui lui est propre. J’ajouterai qu’il a toujours fait de la liberté de conscience le fondement de sa philosophie, et qu’il encourage ses membres à s’impliquer dans la vie sociale.

Comme vous le savez probablement, l’Ordre de la Rose-Croix s’apparentait jadis à une société secrète. C’était une nécessité pour protéger ses membres et les préserver des persécutions religieuses. En effet, dans les siècles passés, il était très risqué de mener une quête spirituelle en marge de l’Église chrétienne, notamment catholique. C’est ainsi que de grands penseurs furent, au mieux excommuniés, au pire livrés au bûcher de l’Inquisition. Le pouvoir en place se méfiait également de ceux qui prenaient la liberté de dire et d’écrire ce qu’ils pensaient. Les Rose-Croix faisaient partie de ceux-là, ce qui n’était pas non plus sans danger.

Fort heureusement, les choses ont évolué positivement dans ce domaine, de sorte que l’A.M.O.R.C. n’est plus dans l’obligation de cacher son existence et de mener ses activités sous le sceau du secret. Est-ce à dire qu’il est connu ? Non, car il ne bénéficie d’aucun support médiatique et ne peut compter que sur lui-même pour mettre en lumière son enseignement et sa philosophie. J’espère que cet opuscule y contribuera et vous permettra de mesurer l’intérêt que présente le  rosicrucianisme pour toute personne désireuse de mener une quête spirituelle non religieuse, fondée avant tout sur un désir sincère de connaissance et de sagesse.

Avec mes meilleures pensées. »

Editeur : Diffusion Rosicrucienne
94 pages
ISBN : 978-2-37191-044-7

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