« Qui donc a marié la rose à la croix ? »
« Qui donc a marié la rose à la croix ? » écrivit Goethe (1749-1832). Nul ne le sait vraiment. Sur le plan historique, la première référence à la Rose-Croix se trouve dans un manuscrit publié au début du XVIIe siècle, quelques années avant la parution des trois Manifestes qui firent connaitre l’existence de l’Ordre de la Rose-Croix : la « Fama Fraternitatis » (1614), la « Confessio Fraternitatis » (1615) et les « Noces chymiques de Christian Rosenkreutz » (1616). Cela étant, certaines sources traditionnelles rapportent que ce symbole était utilisé par les mystiques qui fréquentaient les écoles de mystères de l’Antiquité. De même, il est dit dans certains textes que les Initiés de l’Ordre du Temple l’employaient lors de rituels particuliers.
L’origine historique de la croix
Dans l’histoire connue, on considère généralement que c’est en Egypte que la croix fut employée pour la première fois en tant que symbole religieux. Elle se présentait alors sous la forme d’une croix ansée (ânkh) et symbolisait l’éternité de la vie, ce qui prouve que les Egyptiens de l’Antiquité croyaient en l’immortalité de l’âme. Sur les murs des temples, nombre de divinités étaient représentées une croix ansée à la main, afin de montrer qu’elles étaient immortelles. Considéré comme leur représentant sur Terre, Pharaon était lui aussi montré tenant cette croix. C’est probablement Akhenaton (XVIIIe dynastie) qui poussa le plus loin ce symbolisme, puisqu’il assimila la croix ansée au souffle de vie que Dieu, conçu par Lui comme une Essence universelle, répandait de tout temps en toute créature.
La croix dite « latine »
La croix était également en usage dans la Grèce et la Rome antiques, mais c’était davantage à titre décoratif que religieux. C’est ce qui explique pourquoi elle se présentait sous des formes aussi diverses : croix simple, croix à double ou triple branche, croix étoilée à cinq ou six pointes, croix cerclée au centre ou à la périphérie, etc. Avec l’apparition du Christianisme, c’est la croix dite « latine » qui s’imposa, en référence à la crucifixion de Jésus. Cela étant, le symbole des premiers Chrétiens n’était pas une croix, mais un poisson désigné sous le nom « Ichthus » en grec. Trois explications à cela : 1) Jésus s’était présenté comme « un pêcheur d’hommes ». 2) La plupart de ses disciples étaient des pêcheurs. 3) Sa naissance marqua le début de l’ère des Poissons.
La Rose-Croix symbolise la dualité de tout être humain
Dans l’Ordre de la Rose-Croix, la croix n’a aucune connotation religieuse, fut-elle chrétienne. Elle symbolise tout simplement le corps de tout être humain, lorsqu’il se tient debout, les jambes serrées l’une contre l’autre et les bras tendus à l’horizontale. Quant à la rose, elle représente son âme en voie d’évolution ; si elle est rouge, c’est parce que cette couleur est celle de l’amour. Ainsi donc, la Rose-Croix symbolise la dualité de tout homme, de toute femme et de tout enfant, dès lors que l’on a une conception spiritualiste de la vie. De mon point de vue, tout croyant pourrait faire sien ce symbole, tant il est universel. Je connais d’ailleurs des Chrétiens, des Juifs, des Musulmans, des Bouddhistes, etc., qui en portent une autour du cou, ce qui ne les empêche pas d’être attachés à leur religion.
« Ad Rosam per Crucem ; ad Crucem per Rosam »
La Rose-Croix des alchimistes du Moyen Âge comportait une rose rouge ayant sept pétales, chacun correspondant à l’un des sept métaux alchimiques, en l’occurrence l’or, l’argent, le cuivre, le fer, l’étain, le plomb et le mercure, ces métaux correspondant eux-mêmes aux sept planètes de la Tradition, à savoir le Soleil, la Lune, Vénus, Mars, Jupiter, Saturne et Mercure. Mais dans l’absolu, la Rose-Croix contient autant de pétales que de vertus qu’il nous faut éveiller de vie en vie : la bienveillance, la tolérance, l’humilité, la générosité, la patience, la non-violence, etc. Cela suppose de nous réincarner autant de fois que cela est nécessaire, d’où cette formule traditionnelle connue de tous les membres de l’A.M.O.R.C. : « Ad Rosam per Crucem ; ad Crucem per Rosam »…