La plupart des gens pensent que la philosophie est l’apanage de quelques personnes qui ont fait de longues études en littérature, en histoire, en géopolitique, etc. À leurs yeux, un philosophe est donc quelqu’un de très cultivé, pour ne pas dire d’érudit, qui passe son temps à lire et à réfléchir, et à qui on demande régulièrement son avis sur tel phénomène de société, tel événement socio-politique, etc. Dès lors qu’on le consulte à l’occasion d’un reportage, d’un documentaire ou de toute autre émission, il est présenté officiellement au public comme étant philosophe.
La philosophie
Sans vouloir minimiser le mérite et la compétence des philosophes, au sens courant que l’on vient de donner, il me semble plus approprié de voir en la plupart d’entre eux des intellectuels ou des penseurs. En effet, le mot «philosophe» provient du grec «philosophus», et veut dire littéralement «amoureux de la sagesse». Or, la sagesse ne se limite ni à l’intelligence abstraite, ni à la culture, ni à l’érudition. Dans l’absolu, elle correspond à un état de conscience, celui de toute personne qui a éveillé les vertus que l’on attribue à l’âme humaine, dans ce qu’elle a de plus divin.
D’un point de vue rosicrucien, un philosophe est donc un homme ou une femme qui manifeste dans son jugement et son comportement des qualités comme la patience, l’humilité, la tolérance, la bienveillance, la non-violence, etc. Or, vous conviendrez que nombre de personnes très intelligentes et très cultivées sont encore bien loin d’avoir éveillé ces qualités, et sont toujours sujettes à l’impatience, l’orgueil, l’intolérance, la malveillance, la violence, etc. Inversement, vous savez comme moi qu’il y a des individus dont l’intelligence et la culture n’ont rien d’exceptionnel, mais dont la façon d’être traduit une certaine sagesse.
La spiritualité
Au regard de ces quelques explications, la philosophie est pour moi indissociable de la spiritualité, car elle est fondée sur l’idée que tout être humain possède une âme et que le but de la vie est d’éveiller les vertus qui lui sont propres. Cela revient à dire qu’un philosophe, au sens le plus noble du terme, est nécessairement spiritualiste et s’emploie à donner l’exemple d’une personne, sinon sage, du moins éprise de sagesse. Vu sous cet angle, un intellectuel ou un penseur athée ne peut être considéré véritablement comme un philosophe, aussi vastes soient sa culture et son érudition. Encore moins s’il s’agit d’un idéologue qui fait preuve de sectarisme dans ses écrits, ses discours, ses prises de position et ses points de vue.
Si besoin est, rappelons que dans l’Antiquité, notamment dans la Grèce antique, la plupart des philosophes étaient spiritualistes. Autrement dit, ils admettaient comme une évidence l’existence de Dieu et de l’âme humaine. Par ailleurs, ils faisaient leur la devise inscrite sur le frontispice du Temple de Delphes : «Connais-toi toi-même !». Parmi eux, citons notamment Pythagore, auquel on attribue le mot «philosophie» et que les Rosicruciens considèrent comme l’un des plus Grands Initiés que l’humanité ait connus.
Serge Toussaint
Grand Maître de l’Ordre de la Rose-Croix