La chute de l’Homme
Si l’on en croit certains textes religieux ou ésotériques traitant de la condition humaine, l’Homme, avant ce que l’on appelle traditionnellement la « chute », était une entité spirituelle androgyne. Autrement dit, il était à la fois homme et femme, ou plus exactement masculin et féminin. Pour des raisons à la fois mythologiques et théologiques, expliquées notamment dans le « Traité sur la réintégration des êtres » de Martinès de Pasqually, mais aussi dans les ouvrages de Louis-Claude de Saint-Martin (auquel se rattache le Martinisme), il « chuta » dans le monde matériel et se dédoubla en deux êtres de sexe différent : l’homme et la femme, d’où naquit graduellement toute l’humanité.
L’androgynat
Comme nombre de Rose-Croix et même de Martinistes, je pense que la « chute de l’Homme » est une allégorie qu’il appartient à chacun d’interpréter à la lumière de ses croyances, de ses connaissances et de ses intuitions. Quoi qu’il en soit, si androgynat il y eut, il fut effectivement de nature spirituelle. Et si androgynat il y a, il concerne l’âme humaine et non le corps humain. Autrement dit, sauf cas très exceptionnel, un être humain est de sexe masculin ou de sexe féminin. C’est sur ce principe, ou plutôt sur cette loi naturelle, qu’est fondée la reproduction de l’espèce humaine. En effet, c’est l’union des deux sexes, ou plutôt la fusion des gamètes mâles et femelles, qui rend possible la procréation d’un enfant, qui lui-même sera de sexe masculin ou de sexe féminin.
Les genres masculin et féminin
Par convention, on a coutume de dire qu’un garçon et par extension un homme appartiennent au genre masculin, et qu’une fille et par extension une femme appartiennent au genre féminin. Malheureusement, au-delà de cette convention qui n’a rien de péjoratif en soi, on en est venu à stéréotyper chacun de ces deux genres et à leur associer des caractéristiques ou des particularités arbitraires : la force, l’autorité, l’endurance, la persévérance… pour le genre masculin ; l’affectivité, la sociabilité, l’écoute, la patience… pour le genre féminin. Plus grave encore, l’idée que le genre masculin est supérieur au genre féminin a perduré pendant des siècles et reste encore ancrée dans les mœurs, d’où les comportements machistes qui perdurent dans la société. Hélas, ce préjugé est à l’origine d’inégalités flagrantes entre les hommes et les femmes, notamment sur le plan socio-professionnel.
L’« animus » et l’« anima »
En ce qui me concerne, il est évident que le genre masculin n’est en aucun cas supérieur au genre féminin, et inversement. Cela étant, je pense qu’il y a une psychologie plutôt masculine et une psychologie plutôt féminine, que Jung désignait respectivement par les termes « animus » et « anima ». Autrement dit, il existe une manière d’analyser et de ressentir plutôt propre aux hommes, et une autre plutôt propre aux femmes. Cela transparaît notamment à travers les films que les uns et les autres préfèrent regarder : plutôt de l’action, voire de la violence, chez les premiers ; plutôt de l’émotion, voire du romantisme, chez les secondes. On le voit également à travers les métiers exercés par les hommes et par les femmes : il y a beaucoup plus d’informaticiens que d’informaticiennes (domaine qui privilégie le rationalisme), mais beaucoup plus d’infirmières que d’infirmiers (domaine qui privilégie l’empathie).
« L’androgynat à venir n’aura rien d’anatomique »
L’évolution accomplissant graduellement son œuvre, on constate que les hommes et les femmes ne cessent de se rapprocher sur le plan psychologique et en viennent à vivre au diapason de pensées et d’émotions communes. Cette tendance laisse supposer que l’« animus » et l’« anima » sont en voie de s’équilibrer à travers un genre androgyne. Cela étant, je pense que cet androgynat à venir n’aura rien d’anatomique, car aussi longtemps qu’ils vivront sur Terre, il me semble évident que les êtres humains seront soumis à la loi de dualité, de sorte que les hommes seront de sexe masculin et les femmes de sexe féminin, abstraction faite de personnes que l’on dit transgenres. Mais c’est là un autre sujet…
Cet article a 9 commentaires
Du concept d’androgynat mythes à la réalité spychologique, alchimique et spirituelle, celui qui vit dans l’amour (l’âme+our) c’est celui qui laisse passer la lumière à travers son âme. La voie du couple expérimentée dans sa nature divine est La Voie en Or : la voie royale et ne peut être empruntée qu’à deux. Or, l’Amour, c’est Dieu, le DIvin, l’Absolu cette voie royale est donc la voie divine. Le divin est sacré, et le sacré…ça crée.( Certains évoquent aussi la voie Sacerdotale mais c’est rare.) Pour cela leur dynamique c’est la voie alchimique qui est un puissant moteur pour l’ouverture de conscience.et ce qui est demandé c’est d’honorer la divinité qui est en l’autre qui doit être révélée, reconnue et nourrie, ils restent dans le mouvement de la roue de vie grâce à leurs échanges, une rencontre à leur centre et non à leur périphérie ce n’est pas un chemin dans lequel ils s’oublient, au contraire ! l’autre par un jeu de miroir bienveillant permet d’identifier les parts d’ombres et ( ou ) souffrantes pour pouvoir les panser et les guérir. Masculin et féminin, leur voie commune crée une trinité ; du lien symbolique de l’union coeur ce qui devient un degré dans l’évolution du mythe de l’androgynat, à venir et du regard à porter sur l’âme. Respectueusement.
Dans la Bible on peut lire que Dieu créa l’homme et comme il ne trouva pas l’aide qui lui fut assortie après qu’il eut pour compagnie les animaux, Dieu lui donna une compagne. Pour cela Il endormit Adam et lui ôta une « côte » afin de lui créer la femme, Eve, « Celle-ci, cette fois, est l’os de mes os et la chair de ma chair… ».
Dans les enseignements ésotériques on sait que l’homme était bisexuel ; il portait le côté masculin et le côté féminin. Mais pour son développement il fallait opérer une émancipation de ses deux côtés et c’est ainsi que Adam, l’homme, fut séparé de son côté féminin, et que Eve la femme naquit.
Dans la Bible Osty il y a une très belle note à ce sujet : « Quelle que soit la source discutée de ces expressions imaginées, ce « récit » (genèse II – 21) illustre admirablement l’origine commune et l’aspect complémentaire de l’homme et de la femme. L’homme est sans cesse à la recherche de quelque chose qui lui a été ravi, tandis que la femme vit dans la nostalgie de la carrière de chair d’où elle fût tirée ».
Le corps humain est créé des deux polarités (un coté Masculin et un coté Féminin), l’un n’existant pas sans l’autre. Chacun a ses qualités propres et complémentaires, afin d’atteindre la Réalisation. Je pense que pour atteindre cet état, il est indispensable de vivre ces deux polarités. En s’incarnant, notre âme choisit d’être femme ou homme.
Ah ! l’androgynat, vaste sujet, si cher à Léonard de Vinci ! Mais la différence anatomique ne fonde pas l’identité sexuelle. Un individu n’est pas uniquement porteur d’un sexe féminin ou masculin car il obéit à un dépassement de son corps physique qui le pousse à retrouver sa complétude d’âme. Selon les qabbalistes, le corps étant le vêtement de l’âme, il va être le siège d’une combinaison masculin-féminin. « Il n’est pas de créature qui ne soit à la fois mâle et femelle …… » (Tiqoun Zohar 56) que l’on retrouvera dans l’animus et l’anima selon Jung.
Adam est d’abord un homme-femme primordial, une entité bisexuée, l’humain générique par excellence, une structure avant apparition des polarités… Aussi, l’individu incarné est porteur de la bipolarité sexuelle. Ceci est exposé dans le symbole du yin-yang. On peut dès lors s’interroger sur le dosage du féminin et du masculin (qu’il soit homme ou femme) en chaque être. Les qabbalistes de l’école lourianique expliquaient ainsi la stérilité et l’absence de désir sexuel du sexe opposé par l’absence psychique de l’autre sexe en soi. Ils nommaient cela « le déficit de l’autre au sein de soi-même ». On peut donc en déduire comme Charles Mopsik qu’il existe un sexe physique et un sexe des âmes. En outre, les qabbalistes insistent sur le fait que :
– C’est le féminin de l’homme qui déclenche le désir de la femme.
– C’est le masculin de la femme qui déclenche le désir de l’homme.
Cela tend à démontrer que pour un individu, homme ou femme, ce n’est pas son sexe physique mais plutôt la pulsion sexuelle psychique qui domine son existence. L’élément amoindri d’un être va le pousser à rechercher l’équilibre. C’est donc le manque de l’existence de l’autre sexe dans l’inconscient qui le fait aller vers un partenaire qui va l’aider à reconstituer la figure de l’être générique. Nous cherchons l’alter ego pour retrouver notre état adamique.
Alors l’androgynat dans tout cela ? – En partant des prémices que Dieu est un « Suprême primordial » androgyne, on peut évoquer alors une sorte de bisexualité divine dont le couple serait la projection. C’est cette aspiration au divin (via la réintégration) dont nous aurions la nostalgie ?
Bonsoir,
Il me semble que le concept d’androgynat renvoie directement à la notion de création divine. Symboliquement, la chute est le résultat d’une opération de division et de différenciation à la fois contraire et complémentaire. Cette opération du « deux » est extrêmement déroutante et déstabilisante car elle signe aussi bien une séparation (on divise en deux) qu’une réconciliation (on rapproche deux moitiés pour reconstituer une unité).
De la même façon, l’androgynat porte en lui cette scission potentielle tout comme il manifeste cette fusion des contraires complémentaires vers l’unité.
Et je partage votre point de vue quand vous écrivez que l’androgynat ne se situe pas sur le plan matériel physique. La preuve en est, c’est que l’homme se reproduit (en tant qu’être corporel) mais ne crée pas d’être spirituel puisque le fruit de sa reproduction sera elle-même un nouvel être corporel sexué (c’est à dire un être « incomplet » spirituellement).
Néanmoins, je ne pense pas non plus que l’androgynat se situe exclusivement sur le plan spirituel (sans cela nous n’aurions aucun moyen de sortir de notre état d’exil matériel). Des fragments de cette création divine sont vraisemblablement présents dans notre psychisme, voire dans notre mental, ce qui nous permet de prendre conscience (avec plus ou moins d’acuité et de bonheur) de notre polarité féminine si nous sommes un homme ou de notre polarité masculine si nous sommes une femme. Et je ne suis pas loin de penser qu’une étape importante de notre réintégration sera franchie quand nous aurons su équilibrer parfaitement ces deux polarités au creux de notre être corporel ou plus exactement, serons-nous parvenus à affranchir notre être spirituel de sa prison matérielle pour le laisser s’exprimer librement et pleinement, pour redevenir un « pur esprit ».
Pour en revenir (et terminer) avec le Traité de Martinez, n’oublions jamais le titre complet de son ouvrage : « Traité sur la réintégration des êtres dans leur première propriété, vertu et puissance spirituelle divine ». Bien des choses s’éclairent, en réalité, quand on le lit intégralement.
Bien fraternellement.
En effet, un thème très intéressant. Puis-je vous présenter quelques humbles réflexions à ce sujet?
Avant de se disperser et/ou de se diviser, il y avait l’Unité ou le Tout, toujours en mouvement intérieur. La « chute“ ou la sortie de l’unité (ou l’idée de base de la Création dans ce que nous appelons l’esprit du Créateur) qui est l’effet d’une cause, d’un mouvement de sortie ou de départ, qui est d’ailleurs un mouvement d’extension (non pas sans contraction), entraine un mécanisme de fission qui produit la dualité, la diversité et la polarité. La dualité comprend les deux éléments majeurs qui sont à l‘origine de toute manifestation, qui sont antagonistes et complémentaires en même temps comme le corps et l‘âme, et la polarité se manifeste dans le masculin et le féminin, le positif et le négatif etc., et sont entrelacés. La complémentarité est d’ailleurs le fil élastique qui attirera les deux pôles pour finalement se réunir par sa tension dans une parfaite harmonie. Ainsi l’âme humaine s’est divisée dans une personnalité masculine et féminine portant dans son sein un souvenir de l’autre partie. Dans le cadre des expériences à faire, elles peuvent d’ailleurs changer leur polarité au fil des incarnations. Chaque personnalité a en effet une prédominance et inclut une petite partie de son antagoniste qui lui rappelle qu’il est incomplet et le pousse à chercher ou à redécouvrir son autre partie. Un but qu’il atteindra un jour.
Afin de pouvoir faire ses expériences dans le monde matériel, chaque entité spirituelle a besoin d’un véhicule matériel qui est conforme à son niveau d’évolution ou à son grade qualitatif afin de lui permettre d’évoluer dans les meilleures conditions; dans le cas de l’homme, actuellement, un corps humain masculin ou féminin. Ainsi il me semble que plus l’âme réintègrera ses deux parties, qui lui sont propres, à part égale et les unifiera en parfaite harmonie, plus elle (et l’évolution– qu’elle influence d’ailleurs par son libre arbitre) se fabriquera un corps adéquat qui lui permettra de vivre et d’expérimenter son androgynie retrouvé. Ainsi l’androgynie pourra un jour voir la lumière de la vie sur terre, car elle fait partie du processus de la réunification spirituelle sur le plan matériel et me semble être un jalon intermédiaire dans le voyage vers une entité plutôt non matérielle et plus tard – de nouveau – purement spirituelle. Si sur terre le règne humain y réussit, les autres règnes nous suivront, une terre qui sera tellement différente de ce qu’elle est aujourd’hui. Mais cela dépendra de nous… toutefois en partie.
L’univers est immense et nous ne formons qu’une petite partie de l’humanité universelle. Les stades de l’évolution sont également très diversifiés, et j’ose penser que peut-être quelque part dans l’univers quelques grand frères et sœurs ont déjà retrouvé l’androgynie ou atteint un degré dans l’évolution que nous pouvons difficilement concevoir.
…
Cordialement
Selon la vision spiritualiste, ce sont les corps physiques qui reçoivent ou sont animés par l’âme individuelle personnalisée et ces mêmes corps sont à prédominance masculine ou féminine. Il apparaît, en observant le comportement des hommes et des femmes, que des caractéristiques psychologiques et physiques supposément typées se manifestent au-delà de cette « barrière » des sexes que, pour la commodité, la société a établie. Ces caractéristiques, que nous associons aux genres féminin ou masculin, peuvent tout aussi bien se retrouver chez l’un ou l’autre. Peut-être sont-ce là des acquis venant de vies passées où de très importantes qualités ont été développées par l’âme lors de ses séjours corporels où elle aurait vécue des incarnations en alternance entre les genres. Ceci me fait réfléchir à propos de la résolution des actifs et des passifs karmiques. Il me semble tout à fait plausible que, dans le but d’optimiser les leçons évolutives, l’âme puisse choisir de s’incarner dans un genre plutôt que dans l’autre. Un genre, avec ses caractéristiques, permettrait-il la résolution plus facile de certaines leçons et inversement pour l’autre genre ? Pourquoi pas ? Certaines qualités et dispositions intrinsèques des hommes et des femmes pourraient probablement faciliter l’apprentissage de leçons karmiques bien particulières, sans nuire à la fusion « androgynique » des qualités. Cela reste encore à déterminer je présume.
Mais au-delà de ces aspects corporels il y a, comme vous le mentionnez, cette structure psychique propre à l’humain et comportant des aspects bien particuliers nommés par Jung archétypes: l’animus, l’anima et le Soi pour ne citer que ceux-ci. Et si l’attention portée aux manifestations de l’animus ou l’anima nous permettait de mieux comprendre les motivations et actions de l’autre genre ? Apprendrions-nous alors à mieux aimer ces âmes (asexuées) qui parfois, au gré des multiples vies corporelles, deviennent nos délicieuses compagnes ou nos compagnons de vie ? Mais encore, si l’animus ou l’anima, qui sont des fonctions de relations au Soi, devenaient nos aimés intimes, notre compagnon ou compagne intérieur ? Partager la vie avec une autre âme peut apporter beaucoup. Cependant je crois que c’est à cet aspect intérieur que nous devons aussi être unis pour devenir un être nouveau, complet. Il est certain que seule l’expérimentation peut nous donner des réponses adéquates autant que personnelles, mais il me semble que c’est en demeurant attentif à notre complémentarité intérieure spirituelle que nous pouvons espérer recevoir des leçons de sagesse du Soi. En écrivant, cette nuit, il m’est revenu à l’esprit la fin de la « Divine Comédie » où, au Ciel, l’anima-Béatrice introduit le moi-Dante auprès du Soi-divin !
Est-ce pour cela ( androgyne) que nous ressentons profondément la présence intime et secrète (ou cachée ) de notre âme-soeur? Et comme une quête, nous poursuivons la moindre parcelle de cet autre animus ou anima, dans toutes les dimensions ? Je pense profondément que l’homme et la femme sont totalement complémentaires, puisque chacun, chacune est apte à se manifester, dans ses trois « formes »: corps, âme, esprit. Bien Fraternellement.
Dans les systèmes démocratiques, la loi protège l’égalité entre les hommes et les femmes, en vue de leur octroyer les mêmes chances dans la vie. C’est dans ces pays que commence à se manifester cette fusion “animus-anima”, étant donné que la question du genre tend progressivement à disparaître. Il y a en effet des foyers en Europe, par exemple, dans lesquelles la femme est dans l’armée tandis que son mari est “femme-au-foyer”, en train de s’occuper de leurs enfants. Ainsi, il est de mon avis que la démocratie est un outil indispensable à la matérialisation de la prophétie des Rose-Croix relative à l’androgynat.