« La femme est l’unique vase qui nous reste encore où verser notre idéalité. »
Goethe (1749-1832)
LETTRE OUVERTE AUX FEMMES
de Serge Toussaint, Grand Maître de l’Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix
Au cours des derniers mois et des dernières années, j’ai écrit diverses lettres ouvertes, non pas dans le but de susciter des polémiques ou de faire valoir mes idées dans tel ou tel domaine, mais dans celui d’échanger sur des sujets qui me tiennent à cœur en tant que citoyen et Grand Maître de l’Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix. À plusieurs reprises, j’ai pensé en rédiger une à l’intention des femmes, mais je me suis ravisé chaque fois, de crainte de sembler quelque peu opportuniste. En effet, on ne compte plus le nombre d’émissions, d’éditoriaux, d’articles, de débats et autres entretiens portant sur ce thème et les questions qui lui sont liées : égalité, parité, maltraitance, discrimination, harcèlement, etc. Après maintes hésitations, je me suis finalement décidé à rédiger cette «Lettre ouverte aux femmes», afin que ceux et celles qui la liront mesurent à quel point les Rose-Croix ont toujours été précurseurs dans ce domaine.
En premier lieu, il me semble important de préciser ou de rappeler que sur le plan traditionnel, l’Ordre de la Rose-Croix remonte aux Écoles de Mystères de l’Égypte antique. Or, les femmes étaient admises au même titre que les hommes à fréquenter ces Écoles, et certaines d’entre elles faisaient partie des maîtres qui les dirigeaient. D’une manière générale, la femme était très respectée dans la civilisation égyptienne, ne serait-ce que parce qu’elle donnait la vie (ankh), laquelle était considérée comme le bien le plus précieux qui soit. À plusieurs reprises, l’Égypte fut dirigée par des pharaons femmes qui donnèrent la preuve de leur intelligence et de leurs compétences, parmi lesquelles Hatshepsout et Cléopâtre. Nombre de reines furent également connues pour avoir joué un rôle très positif sur les plans social et politique, à l’instar de Khenet-Kaous, Tiyi, Nefertiti, Mouttouya, Nefertari, etc.
La chute de l’homme (et de la femme)
Fidèle à sa Tradition, l’A.M.O.R.C. a toujours été ouvert aux femmes comme aux hommes, à tel point qu’elles sont quasiment aussi nombreuses (45 %). Dans la juridiction francophone, le premier Grand Maître fut une femme (Jeanne Guesdon). D’autres juridictions ont été ou sont dirigées par une femme. Il en est également qui sont chargées de superviser une région ou qui, sur un plan local, sont responsables d’une Loge, lieu où les Rose-Croix qui le souhaitent peuvent se réunir pour mener des travaux collectifs. L’Ordre de la Rose-Croix n’a donc pas attendu que l’on s’interroge sur l’égalité et la parité homme/femme pour les admettre sans distinction et leur accorder les mêmes droits et les mêmes prérogatives. De même, il a toujours été ouvert à toutes les races, toutes les nationalités, toutes les classes sociales et toutes les religions, étant entendu qu’il est totalement apolitique. En cela, il constitue une Fraternité (les femmes pourraient dire une «Sororité») universelle et cosmopolite.
La question qui se pose est de savoir pourquoi les femmes, depuis des millénaires et de nos jours encore, ne sont pas considérées comme les égales des hommes et subissent diverses discriminations et oppressions. Je pense que la cause essentielle de cette situation provient d’une interprétation littérale des textes qui ont servi de fondement au Judaïsme, au Christianisme et à l’Islam, religions que par ailleurs je respecte dans ce qu’elles offrent de meilleur à leurs fidèles pour vivre leur foi. Si l’on en croit la Genèse, Adam a été chassé du Paradis à cause d’Ève qui, influencée par le serpent (le diable), l’incita à manger la pomme (le fruit de la connaissance), ce que Dieu leur avait interdit de faire. D’après la Bible, ce «péché originel» entraîna la «chute de l’homme», et avec elle la vie d’épreuves et de souffrances à laquelle le genre humain semble condamné. Vue sous cet angle, c’est la femme qui serait responsable de la condition actuelle de l’humanité. Pour ce qui est du Coran, il est dit dans la sourate 4 (34) : «Les hommes ont autorité sur les femmes en raison des faveurs qu’Allah accorde à ceux-là sur celles-ci, et en raison des dépenses qu’ils font de leurs biens [pour elles]».
D’un point de vue rosicrucien, la chute de l’homme, telle qu’elle est expliquée dans la Genèse, est un récit allégorique qui ne doit pas être interprété littéralement. Adam et Ève ne peuvent correspondre au premier homme et à la première femme ayant vécu sur Terre, car sous l’effet de la consanguinité, une dégénérescence se serait nécessairement produite au terme de quelques générations successives et aurait abouti à une “humanité” dégénérée, pour ne pas dire “tarée”. Par ailleurs, comment concevoir qu’il ait pu exister un paradis terrestre, alors que l’on connaît désormais les grandes étapes qui ont marqué la formation de notre planète (depuis son état igné jusqu’à son refroidissement et l’émergence des continents) et l’apparition de la vie (depuis les êtres unicellulaires jusqu’aux premiers hominidés, en passant par les amphibiens, les dinosaures, les oiseaux et les mammifères). Enfin, le diable n’existe pas et n’a jamais existé en tant que tel ; s’il fallait lui trouver une correspondance, ce serait l’homme lui-même, lorsqu’il applique son libre arbitre d’une manière négative, au point de commettre des actes destructeurs et barbares.
Sans entrer dans les explications détaillées qui sont données sur ce sujet dans l’enseignement de l’A.M.O.R.C., Ève symbolise l’Âme universelle, Adam le Genre humain, et la chute de l’homme le processus cosmologique et cosmogonique qui permit à la première d’animer le second, suite au Fiat Lux dont il est fait mention dans la Bible et que l’on peut assimiler au Big Bang des scientifiques. Appliqué à tout être humain, ce processus correspond à celui grâce auquel son âme (Ève) s’incarne (chute) dans son corps (Adam). Précisons que d’un point de vue rosicrucien, cela se produit au moment, non pas de la conception, comme l’enseignent les religions, mais de la naissance, lorsque l’enfant inspire pour la première fois et prend son premier souffle. En termes allégoriques, cela veut dire qu’une chute a lieu chaque fois qu’une maman met un bébé au monde, ce qui, au-delà des souffrances qui accompagnent souvent l’accouchement, n’a rien d’un châtiment divin. Au contraire, c’est en principe un événement heureux pour les parents et ceux qui en sont les témoins.
Considérant que la femme est responsable de la chute de l’homme et de la condition actuelle de l’humanité, avec son lot de souffrances, d’épreuves et de malheurs, les religions juive et chrétienne l’ont très longtemps associée à un être à la fois influençable, corrupteur et enclin à faire le mal. L’Église catholique alla même jusqu’à postuler, sinon qu’elle n’avait pas d’âme, du moins qu’elle était une proie facile pour Satan, d’où les nombreuses condamnations pour hérésie et les non moins nombreux supplices pour sorcellerie. Pourtant, les condamnées et les suppliciées n’avaient rien de diabolique ; elles furent victimes de l’ignorance, de l’intégrisme et du fanatisme de ceux qui, au nom de Dieu, les livrèrent aux inquisiteurs et aux bourreaux. Assurément, les femmes possèdent et ont toujours possédé une âme, et cette âme a la même origine et la même nature que celle des hommes. En effet, toutes sont des émanations de l’Âme universelle.
L’hégémonie du patriarcat
Un autre facteur a conduit les religions à inférioriser les femmes : leur conception de Dieu. En effet, la plupart d’entre elles l’ont présenté durant des siècles comme un Surhomme siégeant quelque part dans le ciel et se comportant à l’égard des hommes comme un père envers ses enfants. Dans le prolongement de ce paternalisme divin, les clergés successifs firent du patriarcat le fondement de leur autorité et en exclurent les femmes. De nos jours encore, il leur est quasiment impossible, toutes religions confondues, d’exercer des fonctions sacerdotales et de transmettre les sacrements. Dans certaines d’entre elles, elles n’ont même pas le droit de pénétrer dans des lieux considérés comme sacrés et ne peuvent se mêler aux hommes lors de certains offices. Rappelons également qu’il y a des “Fraternités” traditionnelles ou philanthropiques qui refusent encore que les femmes participent à leurs activités.
À propos de Dieu, il me semble utile de rappeler l’idée que les Rose-Croix en ont. Pour eux, il s’agit d’une Intelligence, d’une Conscience, d’une Énergie, d’une Force à la fois absolue et impersonnelle : autant de mots féminins pour désigner le Créateur, pour ne pas dire la Créatrice. Est-ce à dire que les fidèles des religions devraient parler de «Dieu la Mère» plutôt que de «Dieu le Père» ? N’étant pas un Être anthropomorphique, Dieu, Yaveh, Allah, Brahma ou Autre n’est ni masculin, ni féminin. Par extension, Il n’est ni paternaliste, ni maternaliste à l’égard de l’humanité. Et une chose est certaine : quelle que soit la conception que l’on peut en avoir, Il n’a jamais décrété que l’homme était supérieur à la femme, et encore moins qu’elle devait se soumettre à lui pour quelque raison que ce soit. Ce sont les clergés successifs qui sont allés dans ce sens, contribuant ainsi à l’inférioriser au cours des âges.
Comme le prouvent nombre d’études et de découvertes anthropologiques, des sociétés matriarcales ont existé sur tous les continents depuis la plus haute Antiquité. Indépendamment des croyances religieuses qu’elles entretenaient, elles avaient en commun d’être pacifistes, de privilégier l’intérêt général, de répondre autant que possible aux besoins de chacun, et de respecter la nature. La plupart lui vouaient d’ailleurs un culte à travers la Terre-Mère, qu’elles associaient à la Mère divine, Divinité ultime qui, d’après les traditions ancestrales, avait enfanté l’univers et tout ce qu’il contient. Parmi les plus connues, citons les Ibères, les Étrusques, les Harapéens, les Karakoum, les Minoens, les Naxis, les Iroquois, les Arawak, les Khasis, les Wayuu, les Buthanais, etc. Certes, ces sociétés matriarcales ne furent pas parfaites, mais dans nombre d’aspects, elles furent beaucoup plus avancées que la plupart de celles qui étaient fondées sur le patriarcat.
Si la religion en général n’a pas favorisé l’épanouissement des femmes et les a même maintenues dans un état de dépendance et de soumission envers les hommes, la politique ne s’est jamais empressée de les en libérer et de leur permettre d’exprimer pleinement leur potentiel d’intelligence et de créativité. Durant des siècles et jusqu’à une époque relativement récente, elles furent systématiquement écartées du pouvoir, sous prétexte qu’elles manquaient de réalisme et d’autorité. Confortés par la religion, aveuglés par la haute opinion qu’ils avaient d’eux-mêmes, convaincus de la supériorité naturelle de la gent masculine, les hommes impliqués en politique furent très longtemps enclins à faire preuve, au mieux de condescendance, au pire de mépris à l’égard des femmes qui osaient avoir ne serait-ce que des opinions dans ce domaine. Rappelons qu’il fallut attendre le début du XXe siècle pour qu’elles soient autorisées à voter (1945 en France). Et de nos jours encore, y compris dans les démocraties, il est beaucoup plus difficile à une femme qu’à un homme de s’imposer dans la gouvernance. De même, l’accès au savoir leur fut longtemps interdit.
L’égalité homme-femme
En ce qui me concerne, et comme pourraient en témoigner nombre d’amis et de connaissances, j’ai toujours pensé que la femme était au moins l’égale de l’homme. Outre que l’intelligence n’est pas et n’a jamais été l’apanage des hommes, les femmes ont des qualités que nombre d’entre eux n’ont pas, dont le courage. En effet, il en faut pour mener de front la vie familiale et l’activité professionnelle, comme beaucoup d’entre elles le font, parfois seules et dans des conditions difficiles. Autres vertus (pour reprendre les termes de Socrate) plutôt féminines : la patience, la persévérance, la générosité, l’abnégation, sans oublier l’intuition, cette faculté que les Rose-Croix attribuent à l’âme qui nous est propre, ce qui pourrait laisser entendre que la femme est virtuellement plus spirituelle que l’homme. Dans cet ordre d’idée, il est intéressant de noter que les mystiques en sont venus à personnaliser la sagesse sous les traits de Sophia, que les philosophes grecs assimilaient également à l’Âme du monde.
Puisque je viens de me référer aux mystiques, peut-être est-il utile de préciser que les Rose-Croix se sont toujours employés à rendre hommage aux femmes qui ont œuvré et œuvrent encore au service de la connaissance et de la sagesse. L’A.M.O.R.C. comme l’U.R.C.I. (Université Rose-Croix Internationale) ont d’ailleurs publié de nombreux articles et plusieurs livres sur ce thème, dans lesquels sont présentées la vie et l’œuvre de femmes qui ont marqué l’histoire du mysticisme, de la spiritualité et de la philosophie : Gargi Vachaknavi, Maria Hebraea, Arignote, Hypatie, Rabia al-Adawiyya, Jahanara, Hildegarde de Bingen, Esclarmonde de Foix, Dame Pernelle, Tiphaine de Raguenel, Margery Kempe, Tarquinia Molza, Jane Lead, Helena Blavatsky, Marie Corelli, Helena Roerich, Mâ Ananda Moyi, etc. D’autres femmes, dans bien d’autres domaines, ont également contribué à l’élévation des consciences et à l’évolution des mentalités. Mais l’Histoire , longtemps écrite par des hommes, les a laissées dans l’anonymat.
Mais en définitive, à qui la faute si les femmes ont été et sont encore sous-considérées dans nombre de domaines, sinon aux hommes ? Ce sont eux qui, à travers la religion, la politique, le domaine professionnel et la société en général, ont refusé et refusent encore de voir en elles leurs égales. Que craignent-ils ? Qu’elles soient plus efficaces, plus perspicaces, plus inspirées ? Qu’elles prennent leur place ? Qu’elles les supplantent ? Qu’elles les dominent ? Est-ce uniquement par pur machisme, cet orgueil de certains “mâles” qui en sont encore à penser qu’ils leur sont supérieurs sous prétexte qu’ils sont (a priori) plus forts physiquement et qu’ils sont “géniteurs-reproducteurs” ? Pourtant, qu’y a-t-il d’admirable et de méritoire à être celui qui féconde ? En revanche, porter un enfant en son sein, le mettre au monde et l’éduquer le mieux possible (sur ce point le père a lui aussi un rôle important à jouer) est digne d’admiration et de reconnaissance.
L’émancipation des femmes
Comme chacun peut le constater, les femmes se sont grandement émancipées (au sens positif du terme) et sont en voie d’obtenir la place qui leur revient dans la société, tout du moins dans les pays démocratiques et laïcs. Cela prouve que les consciences et les mentalités ont beaucoup évolué avec le temps, ce dont chacun devrait se réjouir. Mais cette évolution ne s’est pas faite d’elle-même ; elle s’est produite grâce à la détermination et l’action de quelques femmes (soutenues par trop peu d’hommes) qui ont lutté et luttent encore contre le patriarcat et le machisme ambiants, parfois au péril de leur vie. Certes, comme tout combat mené contre ce qui est profondément injuste, celui de ces femmes a connu et connaît encore des excès, notamment dans la forme. Mais malheureusement, c’est souvent là une nécessité pour attirer l’attention et se faire entendre.
S’il est légitime que les femmes veuillent être égales aux hommes en droits, et d’une manière générale dans tout ce qui a trait à la vie citoyenne, il me semble néanmoins qu’elles doivent veiller à ne pas chercher à leur ressembler ou à s’identifier à eux, non pas parce qu’ils sont dépourvus de dons, de talents et autres qualités, mais tout simplement parce qu’une femme n’est pas un homme et qu’un homme n’est pas une femme. La nature a fait d’eux des êtres complémentaires, et je pense qu’ils perdraient leur âme s’ils sacrifiaient cette complémentarité au nom d’une égalité excluant toutes différences. Il est vrai, comme Jung l’a enseigné, que toute femme a en elle une part de masculinité (l’animus) et tout homme une part de féminité (l’anima), mais cela ne veut pas dire pour autant qu’ils doivent se ressembler dans ce qu’ils font et dans ce qu’ils sont, au point de s’uniformiser.
Outre l’égalité homme/femme, on parle beaucoup de parité depuis quelque temps. En vertu de cette préoccupation sociétale relativement récente, les institutions, les sociétés, les entreprises, les associations, etc., sont censées faire en sorte qu’il y ait autant de femmes que d’hommes dans les instances dirigeantes. Compte tenu du déséquilibre évident qui persiste à ce niveau, sans parler des différences de salaire pour un même travail, on peut comprendre que la législation soit tentée d’intervenir. Mais dans l’absolu, la parité homme/femme, ou plutôt l’équilibre homme/femme, devrait se faire naturellement, sur le seul critère de la compétence. Il faudra encore des années, peut-être même des décennies, pour qu’il en soit ainsi, mais cela se fera. Et lorsque l’on se retournera sur le passé, on se demandera comment l’humanité a pu mettre autant de temps à respecter cet équilibre et à en faire une évidence.
À l’instar du machisme, la misogynie a malheureusement beaucoup d’adeptes. En plus de se croire supérieurs aux femmes, ils bafouent leur dignité. Autrement dit, ils ajoutent la méchanceté à la bêtise. S’il est difficile, pour ne pas dire impossible, d’amener les individus concernés à se libérer de leurs préjugés, voire de leurs blocages psychologiques, on doit éduquer les enfants dans le respect de la femme et, d’une manière générale, de la personne humaine. C’est donc aux parents, en particulier au père, de montrer l’exemple. Mais cela ne peut suffire ; il faut également que la société dans son ensemble s’interdise de porter atteinte à l’image de la femme, et ce, dans quelque domaine que ce soit. Inutile de dire que nous n’en sommes pas là, tant l’être humain est encore sous la domination de ses instincts les plus primaires, parfois même pervers. Mais là aussi, l’évolution des consciences et des mentalités accomplira son œuvre. Ce processus est déjà en cours, avec, notamment, les révélations publiques concernant les viols et autres agressions physiques subis en très grand nombre par les femmes, et ce, depuis toujours.
Comme chacun l’aura compris, je comprends le sentiment d’injustice que les femmes ont éprouvé au cours des décennies, des siècles et des millénaires passés, et qu’elles éprouvent encore face aux inégalités et aux brutalités dont elles sont toujours victimes. C’est pourquoi je me réjouis de les voir accéder à des fonctions et des responsabilités qui furent longtemps réservées aux hommes, et ce, en maints domaines : politique, économique, technologique, scientifique, industriel, médiatique, etc. Néanmoins, l’idéaliste et même l’utopiste que je suis ne peut que déplorer le comportement de celles qui, parmi elles, manifestent les travers les plus négatifs de certains de leurs homologues masculins : arrogance, autoritarisme, agressivité, duplicité, hypocrisie, etc. Certes, on ne peut exiger d’elles qu’elles soient parfaites (aucun homme ne l’est), mais espérer au moins qu’elles montrent un autre visage. Cela étant, je reste confiant et continue à penser que les femmes sauront rendre le monde meilleur et réussiront là où les hommes (dont je fais partie) ont plutôt échoué.
Au regard de la philosophie rosicrucienne, tout être humain vit sur Terre dans le but d’évoluer spirituellement et d’atteindre l’état de Sagesse, c’est-à-dire pour conscientiser l’existence en lui d’une âme et en exprimer les vertus à travers son comportement : intégrité, humilité, générosité, bienveillance, non-violence, etc. Étant donné qu’un tel but ne peut pas être atteint en une seule vie, la plupart des Rose-Croix adhèrent au principe de la réincarnation. En application de ce principe, ou plutôt de cette loi, nous avons été et serons parfois un homme, parfois une femme, selon notre choix et ce qui, à un moment donné, nous est le plus utile pour parfaire notre évolution spirituelle. Si vous admettez cela, vous comprendrez que nous avons tous et toutes intérêt à œuvrer pour l’égalité homme / femme, l’un et l’autre étant les expressions complémentaires de cette entité qu’on appelle «être humain».
Louis-Claude de Saint-Martin, philosophe français du XVIIIe siècle, connu pour être à l’origine du Martinisme (mouvement philosophique ayant l’ésotérisme judéo-chrétien pour fondement), a prôné la nécessité de faire naître en nous le «nouvel homme», c’est-à-dire de naître à ce qu’il y a de meilleur en nous, pour ne pas dire à ce qu’il y a de plus divin. Dans son esprit, il entendait également, pour les femmes, «renaître à une nouvelle femme». (Il avait une grande affection pour sa mère, et c’est une femme, Charlotte de Boecklin, qui lui fit découvrir les œuvres de Jacob Boehme). En le paraphrasant quelque peu, je dirai qu’il devient urgent pour l’humanité actuelle de se ressaisir et d’accoucher d’une nouvelle humanité, fondée sur des valeurs qui ne doivent être ni exclusivement féminines ni exclusivement masculines, mais tout simplement humanistes. De mon point de vue, l’idéal serait qu’elles soient également empreintes de spiritualité, mais c’est là un autre sujet…
Voici donc les quelques réflexions que je souhaitais partager avec vous à travers cette lettre ouverte. J’ai bien conscience qu’elle ne contient aucune révélation particulière et qu’elle n’a rien d’original en elle-même. Il faut plutôt voir en elle un témoignage du respect que l’Ordre de la Rose-Croix et ses dirigeants ont toujours manifesté à l’égard des femmes. Et sans aller jusqu’à dire que «la femme est l’avenir de l’homme», il me semble évident que l’homme n’a aucun avenir sans la femme.
Une fois n’étant pas coutume, je vous adresse mes pensées les plus sorornelles.
Cordialement,
Serge Toussaint
Cet article a 21 commentaires
C’est de plus en plus un combat d’hommes. Les plus éveillés parmi eux y sont particulièrement sensibles. Infiniment merci !
Ping : Le féminin sacré : un chemin vers la plénitude ? - Plumes de Forêt
Très belle lettre que tout le monde devrait lire.
Le processus qui s’opère actuellement indique que nous allons vers un grand bouleversement apocalyptique sur le plan de la connaissance, c’est la naissance d’une nouvelle humanité.
En tant que rosicrucien, le contenu de cette lettre ouverte aux femmes, me convient parfaitement. A part la force physique, et encore… elles ont les mêmes capacités que les hommes.
Toujours un plaisir de relire cette lettre🙂
La femme a l’instar du garçon forment ce qu’on appelle l’humanité donc, pour évoluer il a fallu que ces êtres puissent remplir leur mission spirituelle qu’est la complémentarité. A l’occasion de la journée mondiale de la Femme, on doit profiter comme le fait l’AMORC ainsi que les sociétés antiques de valoriser « la Femme. Cessons les agissements négatifs contre les femmes et commençons plutôt par les traiter avec plus d’Amour pour leur intégration et la construction de la société.
Bonjour, La Lettre ouverte aux femmes est toujours d’actualité et source d’inspiration , susceptible à mon avis, d’apporter une aide à notre société dans le soin de bien des maux dont l’origine pourrait se trouver dans cette terrible fracture entre le masculin et le féminin.Que nous soyons homme ou femme; si nous commencions la réflexion profonde qui engage à nous demander si LA terre, LA nature, LA Vie dans ses multiples manifestations ne sont pas l’expression de la part féminine du Divin; ne serait-ce pas un merveilleux début de réconciliation entre les hommes et les femmes? Où il ne serait plus question de société patriarcale où de société matriarcale, mais d’un retour à l’équilibre entre la Masculin Sacré et le Féminin Sacré?
Très bon article !
Malheureusement on rencontre souvent de mauvaises traductions de certains versets et qui font encore de nos jours autorité. Je vous invite à lire une exégèse novatrice concernant le verset 34 de la sourate 4 qui est cité dans cette lettre. Elle est celle de l’islamologue et coraniste Dr Alajamî.
https://www.alajami.fr/index.php/2018/11/06/frapper-les-femmes-selon-le-coran-et-en-islam-2/
Mes respectueux hommages Mr Toussaint. En effet , s’il est plus subtil que la Femme est l’origine du Monde de par sa capacité à enfanter… Il m’arrive bien souvent , car dormant très peu , de me régénérer à l’état fœtal dans la Mère du Monde Primitive car elle m’envoie l’énergie nécessaire pour aller de l’avant et aussi pour maîtriser l’énervement et l’anxiété qui pourraientt m’être néfaste dans le sens où je ne contiendrait pas mon agressivité… En ce qui concerne votre lettre ouverte aux Femmes, elle est splendide et admirable… Peu d’hommes ont autant de talents que vous. Cordialement.
Merci bien
Dans la réalité, la femme en étant le complément de l’homme (pourvu qu’elle ait trouvé sa bonne Moitié), est celle sur laquelle repose le plus, la charge de donner vie, ou plutôt le canal par lequel les êtres humains miniatures arrivent sur la Terre. Elle est donc responsable de la non extinction du genre humain en étant mère et rien que pour cette raison, toutes les femmes doivent être vénérées (sauf bien sûr, exception.). L’homme et la femme ont chacun des rôles définis dans un couple, dans une société quelque soit sa formation de base. Si ce ne sont pas des rapports de dominants et de dominées (…) et que les relations sont sur la base d’une harmonie, elles se répercutent de façon positive sur la société et par ricochet, sur le reste de l’humanité. C’est le fondement de la bonne éducation familiale… E.M.E. esther melèdje
Bienvenue à cette « lettre adressée aux femmes » précédent la journée internationale des droits des femmes le 8 mars 2020, ayant pour finalité la constitution d’une culture de l’égalité et du respect mutuel. De se rappeler simplement que le code de l’éducation rappelle que la transmission de la valeur d’égalité entre files et garçons, les femmes et les hommes se fait dès l’école primaire. De quoi retrouver notre sourire, croire en l’avenir.et se tourner également dans l’espérance d’une Paix Universelle dans le but d’évoluer spirituellement afin d’atteindre l’état de sagesse, ce qui n’est pas facile de communiquer de nos jours. Soyez remercié de vos propos qui stimulent dans ce sens. Cordialité sincère.
En cette semaine internationale de la Femme, nous ne pouvons que vous exprimer notre gratitude pour ce brillant article et cette marque d’attention particulière!
Je prends la mesure du privilège de mon affiliation à la Rose-Croix chaque fois que j’apprends en quoi cette vénérable Fraternité est avant-gardiste dans son enseignement. Au sujet de la femme, les Rosicruciens de la première heure ont proclamé ce que les religieux d’aujourd’hui, des siècles plus tard, sont réticents à reconnaître, à savoir que la femme est l’égale de l’homme dans l’absolu, et son complémentaire en pratique.
Bonjour à toutes et tous.
Grand merci pour cette lettre ouverte aux femmes.
Même si je n’en avais pas besoin, elle me conforte dans ma façon de vivre et d’être celui que je suis depuis maintenant bien longtemps, quant aux femmes. Depuis tout aussi longtemps, j’essaie du mieux que je le peux, avec mes modestes moyens, de m’employer à apporter mon aide afin qu’elles soient le plus à mêmes de s’aider elles-mêmes, dans le but qu’elles puissent reprendre elles-mêmes la place qui leur revient de droit.
Ma pensée rejoint ce qui est écrit dans cette lettre. Elles ne sont pas les égales des hommes, mais plus simplement leurs complémentaires, ce qui est beaucoup plus fort et profitable.
Dans une synergie, 1 + 1 n’est jamais égale à 2 mais dépasse le plus souvent de beaucoup le résultat attendu.
Jean Luc Weil
En ce mois de septembre 2019 où débute le grenelle contre les violences faites aux femmes, je crois que ce texte y aurait toute sa place. Les violences sous toutes leurs formes sont inscrites reproduites par des schémas conscients et inconscients et exercées des plus forts sur les plus faibles de manière insidieuses, sournoises et parfois stupides parce qu’intégrées comme une coutume. Ce terrible proverbe qui dit: « si tu ne sais pas pourquoi tu bats ta femme, elle le sait » illustre parfaitement ce mélange de bêtise et de violence gratuite. L’éducation joue un rôle fondamental dans cette reproduction ou évolution possible vers un plus grand respect mutuel. A travers les films, les musiques et leurs clips et tout ce que véhicule la société sur la prétendue « performance masculine » qui génère des souffrances et des complexes et tous ceux qui n’ont pas les outils pour dépasser intellectuellement ces injonctions, nous sommes tous témoins et acteurs de cette organisation sociétaire. Combien de mère interdisent-elles à leur fils d’exprimer des émotions dites féminines… alors cherchons tous ensemble dans notre vie quotidienne à transmettre toujours nos valeurs d’amour, de paix, d’égalité et peut-être qu’à force les choses finiront par se transformer. ❤️✨🌟⭐️
Merci beaucoup. Nous avons bien besoin de lire des textes tels que celui-ci. Surtout actuellement. Il est très instructif.
Intéressant.Bien dit.Je partage.
Mon respect, Mr Serge Toussaint…
En tant que femme, je me considère en premier comme un être humain sauf, dans les cas où les règles de la société exigent de décliner la différence avec un homme !