À propos de l’effort

« Le goût de l’effort a disparu »

Il est assez courant d’entendre dire que « le goût de l’effort a disparu ». Il est un fait que les enseignants sont assez unanimes pour regretter le manque d’attention, de concentration et de persévérance des élèves, et ce, depuis le primaire jusqu’au lycée. Nombre d’employeurs regrettent de voir partir des salariés après quelques jours de travail, sous prétexte que celui-ci est trop fatiguant, et ce, même lorsque le salaire est correct. À titre personnel, j’ai remarqué que de moins en moins de personnes, tous âges confondus, sont enclines à rendre service dans la vie courante, comme si cela exigeait d’elles un effort auquel elles ne veulent pas consentir. D’une manière générale, on a le sentiment que ce qui prédomine dans les comportements, c’est la recherche de la facilité.

La conjonction de trois facteurs

Comment expliquer que le « goût de l’effort » ait, sinon disparu, du moins ne soit plus vraiment d’actualité ? D’une manière générale, je pense que c’est la conjonction de trois facteurs : En premier lieu, le courage faisait partie des valeurs qui étaient enseignées autrefois à l’école et dans le milieu familial ; autrement dit, inculquer cette vertu faisait partie de l’éducation, ce qui n’est plus le cas. En second lieu, la technologie a évolué de telle manière qu’elle a rendu de plus en plus aisées nombre de tâches qui, jadis, exigeaient des efforts qui ne sont plus nécessaires. Ceci a eu pour effet de faire “rentrer” la facilité dans les mœurs. En troisième lieu, le loisir est devenu culturel et tend à entretenir une certaine forme d’apathie, à défaut d’un terme plus approprié.

La « valeur travail »

Faut-il pour autant renoncer aux progrès de la technologie et aux loisirs ? Bien sûr que non. Mais je fais partie des personnes qui pensent que le « goût de l’effort », et par extension la « valeur travail », contribuent à la cohésion et à l’amélioration de la société. Il est vrai que la tentation est grande de passer des heures à zapper devant la télévision, à surfer sur internet, et à bavarder par smartphone interposé. Mais quel en est le bénéfice réel ? En sommes-nous satisfaits sur les plans intellectuel et intérieur ? Rien n’est moins sûr. En outre, certains sociologues pensent que cet excès de zapping, de “surfing” et de “smartphoning” serait l’une des causes de l’affaiblissement du Q.I. (Quotient Intellectuel) constaté dans le monde depuis quelques années. Ce qui est certain, c’est qu’il est un facteur de déséquilibre psychologique.

Le « zapping spirituel »

La spiritualité n’est pas épargnée par cette tendance à rechercher la facilité. De nos jours, le nombre de livres, conférences, séminaires, stages, ateliers, cours, vidéos (sur internet) sont légion dans ce domaine et alimentent ce que certains désignent sous le nom de « tourisme spirituel » ou de « zapping spirituel ». Certes, c’est plutôt une bonne chose, car nombre de problèmes auxquels l’humanité est confrontée sont dus au fait que la société en général est devenu trop matérialiste et que l’athéisme est en expansion dans de nombreux pays. Cela étant, je pense que ce n’est pas la meilleure manière de répondre aux besoins de notre âme. En effet, il me semble préférable de le faire à travers une quête qui s’inscrit dans la durée et la régularité.

L’enseignement de l’A.M.O.R.C.

Régulièrement, lors des conférences que je présente dans le cadre de l’Ordre de la Rose-Croix, il m’est demandé comment se présente son enseignement et combien de temps il dure. Lorsque je réponds qu’il consiste en des fascicules que l’on doit lire à raison d’un par semaine et qu’il faut plusieurs années pour étudier ne serait-ce que les neuf premiers degrés (il y en a douze au total), je sens poindre une certaine perplexité. Effectivement, cela nécessite un effort en termes de patience, de constance et de persévérance, trois vertus qui sont à contrecourant de la tendance actuelle. Pourtant, elles sont indispensables pour mener à bien une quête spirituelle digne de ce nom, car la connaissance et la sagesse ne s’acquièrent ni facilement ni rapidement ; l’une et l’autre s’inscrivent dans un cheminement intérieur qui fait du temps un allié et de l’effort une nécessité.

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Cet article a 11 commentaires

  1. Soleil

    Le temps peut être tellement subjectif et ne devrait pas être un facteur déterminant lorsqu’il s’agit du chemin de l’évolution. Quelques années ne sont qu’une minime fraction du temps réellement nécessaire pour atteindre son plus haut potentiel de sagesse. Il me semble que ce qui compte réellement ce sont les échelons qui nous y mène et l’amélioration de nos vertus au quotidien.

  2. Maxime Dos Santos

    Merci pour la pertinence de ces propos auxquels je désire contribuer. De mon sens, il existe un phénomène initiatique de l’ordre d’une temporalité inter-générationelle, comme nous avons pu le constater, nous entrons en conflits avec les modes de pensées disons plus archaïques, également à défaut d’en trouver meilleure justesse. On pense à tort que les enjeux passés sont différents des enjeux présents. Mais, je souhaiterais mettre l’accent sur le fait que nous n’en avons peut-être pas toute la clairvoyance, car en effet notre propre passé resurgit, ainsi que des mémoires auxquelles nous sommes inter-reliées. Pour aller plus loin, bien que nous sommes plus nombreuses et nombreux sur la terre, humainement parlant, cela mets en exergue davantage cela. Il y a une forme de compression, d’ailleurs, on produit des enfants à des fins économiques, pour des tâches qui annhilissent d’autres aspects. Nombreuses familles déchirées, un manque de travail et de considération des employés, une inflation galopante. Ce qui fut valable il y a 30ans en termes de travaux est moins fondé, on ne fait plus d’heures supplémentaires par exemple comme avant, tout a changé je trouve. Je partage entièrement cette démarche qui consiste à entreprendre une responsabilisation car se mettre à l’œuvre sollicite toutes nos capacités. Le travail devient précaire, sujet à cautions d’une démarche politique avant toute chose, il est difficile de conjuguer évolution spirituelle et emploi. C’est tout bonnement devenu archaïque aujourd’hui que de s’y inscrire, beaucoup s’y fourvoie d’ailleurs, on le constate, un supermarché spirituel. Et pourtant, on manque de sens, de lucidité et de partage. On ne le rappelera jamais assez. Il nous incombe de contribuer au bien commun sans pour autant alimenter des désirs arbitraires à travers des états de faits comme ceux qui exhortent à employer tout le monde pour tout. C’est très dangereux aussi. Je désire synthétiser. Nous vivons dans une certaine forme de méritocratie. La valeur travail, galvaudée, mérite son pain. J’en suis convenu. Toutes et tous doivent se nourrir, dormir convenablement, se laver. Il n’y a pas de mérites à cela, alors, notre rapport est un appel d’une floraison intérieure. Mieux vaut ne pas se nourrir que d’être en gourmandise. Mieux vaut se nourrir en considérant cela comme un bien précieux qui nous accompagne dans notre développement spirituel. Pour celles et ceux qui s’y inscrivent, on constate que certaines formes d’acharnement à accéder à un métier devient un vrai chemin de croix. En tout cas, nous sommes appelés à œuvrer, à aussi mériter notre pain, se rendre utile, agir là où nous le pouvons et aussi accepter quelque part de réfréner certains appétits. Il n’y a pas assez pour combler l’avidité de tous mais suffisamment pour tous. Nous manquons de relation, de pertinence parfois, de partage. Oui, nous sommes appelés à la récolte, d’une vigne céleste, à édifier, bâtir et œuvrer. Pourrons-nous répondre à cela ? 🙏🏻🌹

  3. Litz Vivaldi Blaise

    Ces dernieres decennies, il y a une tendance qui est en train de se developper chez les gens pour ne pas dire les jeunes au niveau des societes  » La Vie facile » se procurer de l’argent sans travail; Reussir a l’ecole sans aucune application; Detenir son diplome a l’universite sans aucune assiduite; Posseder de belles voitures sans travailler etc… et du meme le materialisme domine. Donc, on pourra vite comprendre l raison de l’augmentation de la delinquence juvenile a travers le monde.

  4. Colette

    Les parents témoignent de leurs expériences et les enseignants font également part de leurs bonnes pratiques. l’Apel pour moi c’est accompagner mon enfant dans sa scolarité, partager avec l’équipe pédagogique et découvrir des parents, créer des liens et bons souvenirs et aussi partager des activités tous ensemble. On peut également se référer à Famille et Education pour rester en contact « le souffle de la liberté ». Hatshepsout.

  5. Uraeus

    La jeunesse dont le courage, la persévérance, et parfois le respect fait défaut, est à l’image de celles et ceux qui les éduquent, à savoir les enseignants de ce XXIe siècle. Car en effet, beaucoup de parents semblent « démissionner » de leur rôle principal d’éducateur, par manque de temps, de surcharge de travail ou de fainéantise, et s’appuient sur des enseignants dont la plupart ne donnent pas toujours l’image d’une personnalité vaillante, courageuse, motivante, que l’on se plairait à écouter et à satisfaire. Quelle image donnent-ils lorsqu’ils se mettent en grève, parfois durant des semaines, pour pas grand chose ? Lorsqu’ils rejettent l’autorité en se mettant à la même « hauteur » que l’élève ? Il y a trente ans on ne voyait jamais un prof absent. Aujourd’hui c’est chose courante. De plus, en prônant durant certains cours une tolérance qui parfois dépasse largement les limites morales et du bon sens, quelles valeurs transmettent-ils donc ? Être enseignant, éducateur, est un vrai métier qui n’est pas donné à tout le monde, pourtant beaucoup le deviennent de nos jours sans trop d’effort justement, et dont la stimulation première est d’avoir beaucoup de vacances.

    Concernant l’envahissante technologie qui anesthésie les cerveaux (zapping, surfer sur internet etc) à l’origine peut-être n’était-elle pas (cette technologie TV, téléphone, internet etc) néfaste (sauf d’un point de vue environnemental) mais son utilisation a été détournée et la demande a tellement explosé que la voilà devenue au centre des préoccupations de chacun. Si l’humanité dite civilisée avait su faire preuve de bon sens en utilisant ces technologies avec modération et sagesse, cela n’aurait pas pris cette tournure.

  6. esther meledje

    Tout à fait, l’effort quel que soit le domaine où l’on a besoin de le fournir nécessite de la stabilité et de la constance auxquelles il est impératif d’adjoindre en ce qui concerne le travail, la méthode et la discipline. En effet, personne ne peut vouloir construire une maison sans commencer par sa fondation et poser la toiture sans ériger les murs principaux donnant la forme de cette maison, en simultané avec les murs intérieurs délimitant les pièces qui la rendront habitable, en laissant bien sûr le temps qu’il faut au mortier pour très bien jouer son rôle propre. Aucune étape ne doit être sautée, même pas la conception de la maison qui doit au préalable, être dessinée sous la forme d’un plan. L’exemple du choix d’une construction de logement est volontaire pour bien imager ma réflexion, la procédure évoquée pouvant être appliquée à la plupart des situations faisant appel à l’effort. Au bout du compte, c’est plus gratifiant d’obtenir une chose voulue après avoir fait des efforts, on lui accorde plus d’importance qu’à celle que l’on a eue facilement. (esther melèdje)

  7. Dominique Walker

    Je pense que cet article devrait être sujet de réflexion dans l’enseignement et dans dans le milieu familial. Je pense aussi que ce qui a réellement de la valeur ne s’acquiert pas sans effort. Le fruit de l’effort, lorsqu’on y a mis la conscience produit satisfaction, bien-être, valorisation de soi et gratitude.

  8. pivoine

    Pour répondre à la question concernant l’effort qu’il faut faire pour étudier les degrés, la réponse est toute simple : l’effort ne s’arrête jamais.

  9. Joel

    La perte de la curiosité, la perte de l’émerveillement, la perte de l’étonnement génère une perte de l’envie. L’envie de connaître, l’envie de savoir, l’envie d’expérimenter,
    L’ENVIE de VIVRE.

  10. Colette

    Un challenge de transmettre la culture de l’effort à nos enfants auxquels il faut enseigner tout d’abord la patience, les faire participer à la maison, les conduire à l’école, participer aux devoirs etc….,à pratiquer un sport et surtout les féliciter pour leur donner le goût de l’effort mais important dans le principe de les aider dans cette quête d’éducation ; pour peu d’être parents entreprenants et pouvoir se libérer de la charge mentale qui nous pèse pour ainsi demeurer intègre de trouver conseils et astuces pour le reste à organiser. Un temps soit peu de ce qu’on a oublié « la spiritualité » et peut-être de répondre aux besoins de notre « âme », ce qui est génial de nous le rappeler.  Bien cordialement et surtout bonnes vacances car nous les avons tous bien méritées.

  11. Marie-Line

    Tout à fait d’accord on dit bien que l’on a rien sans rien. L’adage reste vrai malgré l’apparente facilité de notre société sincèrement

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