Les subtilités du langage
Dans quasiment toutes les langues, le mot « connaissance » véhicule plusieurs sens, selon le contexte, et peut-être surtout, selon qu’il est employé au singulier ou au pluriel. C’est ainsi que l’on parle souvent des « connaissances », mais plus rarement de la « connaissance », et plus rarement encore de la « Connaissance », avec une majuscule. Nous avons là un exemple particulièrement intéressant des subtilités que comporte le langage écrit, ou même oral. Or, ces subtilités ont leur importance lorsqu’elles concernent des notions et des concepts philosophiques.
Les connaissances en tant que savoirs et savoir-faire
D’une manière générale, les connaissances correspondent aux savoirs et aux savoir- faire que les êtres humains possèdent dans tel ou tel domaine : scientifique, technologique, économique, littéraire, culturel, artistique, etc. Selon les cas, elles peuvent être pratiques ou théoriques et concerner par conséquent des sujets plus ou moins abstraits. La plupart de ces connaissances ont en commun d’avoir été apprises et acquises à travers un enseignement scolaire ou une formation professionnelle. À l’instar de la société, elles ne sont pas figées, mais évoluent avec le temps. À titre d’exemple, les connaissances scientifiques n’ont cessé de progresser au cours des âges et continuent à le faire. Rappelons qu’au Moyen-Âge, on pensait que la Terre était plate et qu’elle constituait le centre de l’univers. Nous savons ce qu’il en est de nos jours…
L’utilisation des connaissances
Étant donné que l’homme dispose du libre arbitre, il peut utiliser ses connaissances à des fins positives ou négatives, constructives ou destructrices. C’est ainsi qu’un avion, avec tout ce qu’il a nécessité d’études et de recherches pour être capable de voler, permet de transporter des passagers d’un pays à l’autre, ou de larguer des bombes sur des populations civiles. Autre exemple : bien connaître les lois (civiles, fiscales, etc.) permet à certaines personnes peu scrupuleuses de les contourner à leur avantage. C’est peut-être ce qui fit dire à Francis Bacon, éminent Rose-Croix du XVIIe siècle : « La plus grande erreur de toutes consiste à se méprendre sur le but véritable de la connaissance… Peu sont poussés vers elle pour se servir du don divin de la raison dans l’intérêt de l’humanité. »
La Connaissance des Mystères
Qu’en est–t-il maintenant de la « connaissance ». Sans majuscule, j’aurais tendance à dire qu’elle correspond à l’ensemble des connaissances que les êtres humains ont acquises au cours des siècles, tous domaines confondus. Pour reprendre les exemples précédents, ils possèdent de nombreuses connaissances scientifiques, technologiques, économiques, littéraires, culturelles, artistiques, etc., lesquelles sont destinées à évoluer et à s’étendre avec le temps. Quant à la « Connaissance », avec une majuscule, elle s’apparente pour moi à celle que les Initiés se sont transmise à travers les âges et intègre ce que l’on appelle traditionnellement les « Mystères ». Dans l’absolu, elle remonte aux Écoles de Mystères de l’Antiquité, ces lieux tenus secrets où se réunissaient des mystiques éclairés qui étudiaient les lois régissant l’univers, la nature et l’homme lui-même.
L’importance de la spiritualité
La « Connaissance », au sens le plus mystique du terme, intègre donc tout ce que les êtres humains doivent connaître sur eux-mêmes et sur le sens profond de l’existence. C’est en elle que résident le bien-être qu’ils recherchent et le bonheur auquel ils aspirent plus ou moins consciemment. J’ajouterai qu’elle est indissociable de la spiritualité, car on ne peut y accéder que sous l’impulsion de l’âme qui nous anime. Comme cela est expliqué dans l’Ordre de la Rose-Croix, elle est fondamentalement constructive et ne peut être utilisée pour nuire à autrui, sous quelque forme que ce soit.
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La connaissance est la recherche intérieure que nous avons par l’intelligence intuitive, qui n’a rien à voir avec la connaissance encyclopédique.
À ne pas confondre avec le savoir…mes meilleures pensées
Belle analyse d’Anne-Marie K, sur la connaissance avec un grand C. Le travail mystique étant certainement la voie à suivre pour réunir les conditions d’une connaissance véritable et en vérité de ce qui doit être réellement équilibré dans une vie terrestre pour vivre en harmonie avec soi-même et les autres et maintenir ce savoir pour les générations futures. Cordialement.
Avant tout, il y a un objet de connaissance. La connaissance naît de l’expérience faite avec l’objet. L’objet de connaissance et l’expérience induisent la conscience de l’objet. En faisant un avec l’objet et avec la conscience née de lui, en retenant l’expérience, s’il est agréable, ou en la refoulant si elle est désagréable, l’homme connaît. En matière de connaissance, si je me réfère aux hommes qui l’aiment et qui en font une quête régulière et assidue, comme les mystiques, les philosophes, les traditionalistes, les Rose-Croix, les Martinistes, etc. il y aurait un « bel objet de connaissance ». Il serait enfui au plus profond de chacun. C’est peut-être pour cela que les uns disent: « Connais-toi toi-même et tu connaîtras l’univers et les dieux ». D’autres disent : «Vas vers toi ! » Apparemment, la chose la plus envieuse de se connaître et la plus agréable de toute, qui de surcroit réside en nous, serait notre âme divine.
Lorsqu’il fait l’expérience avec un objet de connaissance désagréable, l’homme tient à s’en éloigner, et lorsqu’il fait l’expérience d’un objet de connaissance agréable, l’homme veut s’en rendre sien, voire faire un avec lui. Connaître est donc naître dans une expérience, soit joyeuse et soit triste. C’est la vie ! dirait-on. Ceci nous rappelle les huit préoccupations mondaines du Bouddha, « l’Illuminé », qui jouent sur notre âme, à savoir : joie – peine ; gain – perte ; renom – infamie ; louange – critique.
La croissance en connaissance et en sagesse que nous en tirons nous conduit à être des humains, voire des plus humains, c’est-à-dire des êtres riches d’expériences utiles à nous et aux nôtres. La richesse en expérience de la vie nous conduit à renaître à la vie, à ses mystères, à ses leçons qui nous rendent joyeux. Mais aussi, elle nous conduit à renaître à la vie et à ses épreuves qui nous peinent et nous attristent. Nous pouvons dire que c’est cette Grande Richesse qui nous retient attachés à cette vie qu’en fin de compte nous chérissons. La Connaissance et la Bonne Richesse semblent donc aller de pair.
Quant aux huit préoccupations qui sont les quatre vallées que nous devons élever et les quatre montagnes que nous devons soulever, elles constituent les grandes leçons qui nous conduisent à la plénitude de la vie. Il est agréable de les aplanir et les égaliser. Nous devrions les voir d’un bon œil. Elles nous conduisent à la compréhension de nous-mêmes et à la maîtrise de la vie. Nous nous respectons alors et nous respectons la vie dans toutes ses formes et dans tous ses règnes. Nous pouvons même aller jusqu’à acquérir une connaissance qui nous conduit vers une vie de bien et de bonheur. Ce n’est donc pas une perte de temps que de passer toute sa vie, ou une partie d’elle, à s’employer à « se connaître soi-même ». Peut-être même que ce serait à cette « belle cum-naissance » à laquelle Corneille se référait lorsqu’il disait : « Aux âmes bien nées la valeur n’attend point le nombre des années » (le Cid).
La Connaissance avec un grand ‘ C ‘ , une fois acquise, ne peut nous mener que vers le Bien, pour nous et pour l’humanité.
Je peux dire, après lecture de ce texte, que la Connaissance est la clé du bien-être. Merci!
Le savoir, ce que l’on apprend dans les livres ….la connaissance, ce que l’on apprend de ses propres expériences( dans la vie, ses rêves, ses méditations….etc…) La connaissance (« naitre avec ») inclut les dons innés et ceux en voie d’acquisition. Puiser à la source pour étancher sa soif de connaissance.
C’est vers la Connaissance et la Connaissance seule qu’il faut amener les hommes…
La connaissance, c’est aussi ce que révèle le texte du clip vidéo « POUR UN AUTRE MONDE », je cite : « (…) l’homme qui sait qu’il sait… »
La Connaissance m’apparaît comme étant la science présidant aux transformations de notre être. Il me semble aussi qu’elle peut se présenter sous deux états. Je crois que la Connaissance est inclue dans un grand continuum spirituel ou psychique, et que tant qu’elle n’est pas puisée elle demeure sous sa forme statique. Mais lorsque les hommes qui l’ont désirée sincèrement parviennent à s’en servir de façon concrète, elle se présente alors sous sa forme dynamique et son énergie peut être utilisée.
Des hommes et des femmes qui, dans un passé lointain ou même très récent, ont approché cette Connaissance, cette Sagesse, et qui ont écrit à son sujet, nous ont laissé leurs impressions et leurs idées découlant de leurs expériences intimes avec celle-ci. Je trouve leurs écrits inspirants, ils sont des guides nous montrant la Lumière.
Cependant, le Maître intérieur, ou « imago dei » , est un guide tout aussi sûr se trouvant au plus profond (ou parfois tout près) de notre conscience et celui-là, après l’avoir bien identifié et ayant appris à l’écouter, nous montrera à ne pas se méprendre sur le but véritable de la connaissance.
Belle entrée en matière d’Anne-Marie, sur la connaissance de soi et des autres, de la conscience. L’homme dominé par l’intelligence est placé au centre de la force active et de la force passive, car il a une âme active et un corps passif qui reçoit de l’âme le mouvement et l’activité. L’édifice à la fois religieux, scientifique et social c’est celui de la grande unité rationnelle de la vérité, de la réalité, de la raison et de la justice, conformes à l’être éternel et régies par le Grand Architecte de l’Univers.
Le savoir : un acquis objectif. La connaissance : englobe acquis objectifs et impressions intuitives reçues par la conscience subjective.
Puis-je soumettre dans ce sens quelques réflexions à ce sujet ?
Personnellement je conçois la connaissance, le savoir et la conscience… comme une unité interactive. Se pose la question : quelle est la différence entre la connaissance et le savoir ? Et ceci n’est pas toujours clair.
La connaissance (avec un petit « c ») me semble se référer à des processus cognitifs comme la perception, l’apprentissage, le raisonnement, la mémoire, l’expérience, le témoignage ainsi que leurs effets psychiques, mais inclut également le résultat d’un travail intrapsychique. Elle résulte de l’acquisition et d’une interprétation subjective ou personnelle d’un savoir, d’un vécu direct ou indirect, du savoir-faire, des données ancrées dans le subconscient et la conscience collective ; même la méditation peut y contribuer.
Quant au savoir, il me semble plus compact, il est défini habituellement comme un ensemble de connaissances ou d’aptitudes dites « reproductibles », acquises par l’étude et ou par l’expérience. Il est davantage qualifié comme objectif et transmissible par voie objective. Un savoir se réfère plutôt à un thème particulier et dans l’absolu, il se veut analysant et catégorisant.
Pour ma part je vois la vraie Connaissance (avec un grand « C ») comme le résultat d’un travail mystique réunissant l’intelligence, le cœur et la spiritualité. La méditation, les initiations et le travail spirituel y contribueront davantage.
Cordialement.
Voilà qui nous démontre bien la différence fondamentale entre le monde manifesté ou matériel et le monde spirituel. La dualité qui régit le monde manifesté nous explique comment, sous l’effet de son libre arbitre, l’homme peut se servir des connaissances pour construire ou pour détruire, pour servir ou être servi, pour le bien de tous ou son profit personnel. Quant à la Connaissance issue de l’intelligence du coeur plutôt que de l’intellect, elle s’acquiert sous l’impulsion de l’âme par la mise en harmonie avec le monde spirituel : Celui de l’Unité.