L’estime de soi
Sauf exception, toute personne éprouve de l’estime pour ses proches, ses amis, certains collègues de travail, telles personnalités publiques, etc. Cette estime de l’autre est généralement fondée sur des qualités que nous lui connaissons : la gentillesse, l’intégrité, le courage, l’intelligence, l’abnégation, l’esprit de créativité, etc. Cela ne veut pas dire que nous voyons en lui quelqu’un de parfait, mais nous l’apprécions et l’aimons tel qu’il est, malgré les faiblesses et même les défauts qu’il peut avoir, d’autant que nous-mêmes en avons.
« Certains individus disent n’estimer personne »
Si j’ai précisé « sauf exception », c’est parce que certains individus disent n’estimer personne. Comme l’énonce l’adage populaire : « Personne ne trouve grâce à leurs yeux. » Sans vouloir porter un jugement trop sévère sur une telle attitude, elle est généralement le propre d’hommes ou de femmes particulièrement égocentriques et égotistes, ou enclins à la critique systématique. Elle peut être liée également à un complexe de supériorité, lequel n’est parfois que l’expression d’un complexe d’infériorité. Dans les cas extrêmes, elle résulte d’une déficience psychologique ; on peut dire alors qu’elle est d’ordre pathologique.
L’estime de soi
S’il est bien d’éprouver de l’estime pour d’autres, sans omettre d’ailleurs de le leur dire, il est important également d’avoir de l’estime pour nous-mêmes. Cela suppose d’être conscient, certes de nos faiblesses, voire de nos défauts, mais également de nos points forts et de nos qualités, car nous en avons tous. Trop de personnes ont tendance à se polariser sur ce qu’elles estiment être négatif ou imparfait en elles, au point parfois d’en culpabiliser. Ce faisant, elles se rendent malheureuses et se maintiennent dans un état d’esprit qui ne peut que leur être préjudiciable sur tous les plans. Dans les cas extrêmes, une telle culpabilisation peut en faire des ennemis d’elles-mêmes.
Être une bonne compagnie pour soi-même
Beaucoup s’interrogent sur les conditions qui rendent le bonheur possible. Si elles sont multiples (être en bonne santé, aimer et être aimé, exercer une profession qui plaît, bénéficier d’un certain confort matériel, avoir une passion, etc.), il en est une qui me semble essentielle et dont on parle très peu : être une bonne compagnie pour soi-même. Or, cela n’est possible qui si nous avons de l’estime pour nous-mêmes, c’est-à-dire si nous nous aimons tels que nous sommes, avec nos points forts et nos points faibles, nos qualités et nos défauts, en un mot, avec notre personnalité.
Faire l’effort de nous améliorer
Naturellement, s’aimer soi-même ne veut pas dire « ne s’aimer que soi-même », ce qui nous ramènerait à ce que j’ai dit précédemment à propos de ceux et de celles qui n’ont d’estime pour personne d’autre. Cela ne signifie pas non plus se complaire avec ses faiblesses et ses défauts, auquel cas ce serait un reniement quant à la nécessité de se parfaire sur le plan personnel. Comme cela est expliqué dans l’Ordre de la Rose-Croix, il s’agit plutôt de nous estimer nous-mêmes, non sans faire l’effort de nous améliorer au niveau de nos jugements et de notre comportement, un tel effort étant en lui-même, non seulement estimable, mais également source de satisfaction intérieure.
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L’estime de soi et l’estime de l’autre me semblent proches comme si, façon de parler, l’on regarde son double dans le miroir. Souvent ce que l’on rejette ou aime chez l’autre, ce sont des facettes que nous pouvons retrouver chez nous, en nous. D’ailleurs les autres y voient parfois plus clair que nous-mêmes en ce qui nous concerne. Alors, en face de notre miroir, nous pouvons nous poser la question tous les jours: « Et toi ? Est-ce que tu peux apprécier tes qualités ? Que rejettes-tu ? Connais-tu tes travers ? ». Le plus dur sera d’être à l’écoute de cette voix intérieure, qui elle est sincère et douce avec nous ; à condition de vouloir aussi l’accepter telle quelle est. Au fur et à mesure, que nous fassions l’exercice pour soi ou pour les autres, grandit une compassion pour l’Humain. L’Humain dans toute sa splendeur et sa grandeur et avec ses défauts et souffrances. Et ce chemin traversant l’étape de l’estime de soi, nous fait découvrir un horizon encore plus vaste, qui mènera à l’étape ultime de l’Amour. Il faudra dépasser le col sacré du « pardon » qui est parfois étroit et déroutant, pourtant une fois franchi, il est gratifiant et nous montre cette vallée paisible qui est en chacun de nous. Pouvons-nous nous pardonner ? Combien de cols faudra-t-il passer pour arriver à l’ultime ? Notre foi et notre espoir sont nos guides qui nous font patienter en ces moments-là. Comme disait Lao-Tseu : « Un voyage de mille lieues, commence par un premier pas . ».
Anne GOURON-GARNIER😇 Oui merci pour ce texte.Mais il me semble que les règles de l’éthique telles qu’on en parle dans notre jargon populaire par rapport à l’estime de soi, pourraient s’étendre à des valeurs supérieures. Je sais que je suis venue sur terre pour accomplir un programme de vie qui pourra compenser une partie de ma vie antérieure, mais aussi, faire avancer les choses dans la vie et dans le sens de l’aide à autrui. Si je ne reconnais pas « mes valeurs » afin de les appliquer, de les vivre, c’est que je ne reconnais pas encore en moi l’estime que le Dieu de mon coeur m’a révélée et dont je dois me servir pour le servir. Oui, le « connais-toi toi même » prends ici toute son importance : c’est la Sphinge dans l’Arcane 10 du Tarot de Marseille dont la symbolique révèle des splendeurs de la connaissance.Depuis que j’ai reçu les enseignements R+C je ne me suis plus jamais sentie seule. Depuis que je m’oublie pour aider autrui, c’est l’estime du Dieu de mon coeur que j’ai en moi, et j’accepte humblement de reconnaître le potentiel qui m’est donné pour faire avancer les choses dans la vie. Mais voilà, il faut le vouloir ! Et il est vrai, que notre caractère change au contact des autres qui sont nos propres miroirs. Après, je laisse tout entre les mains du Seigneur suprême, et je souris à Sri Aurobindo et Mère qui nous invitent à nous abandonner à plus haut que soi.
Être une bonne compagnie pour soi-même sous-tend de se connaître suffisamment pour savoir quels sont les points de notre nature ou de notre caractère que nous pouvons améliorer, et quels sont les qualités ou le potentiel que nous pouvons mettre à profit pour nous-mêmes mais aussi pour les autres ; cela me semble indissociable car une telle attitude de l’esprit permet de détourner de notre seule autosatisfaction, nos réalisations ou nos aptitudes.La frontière est mince entre l’estime de soi et l’ego, c’est un jeu d’équilibre à l’image d’un funambule. À ce titre, je crois que " l’autre " reste un miroir indispensable sans lequel, il est difficile, pour ne pas dire impossible, de vaincre certaines illusions personnelles. Une petite fable bouddhiste, en résume assez bien les contours :Un ermite se retira dans une grotte en haut d’une montagne, pour prier et méditer, seul avec pour seule compagnie, le Dieu de son cœur. Après 7 ans, soudain, il eut le sentiment d’avoir enfin atteint l’illumination recherchée.Fort de cette expérience et plein d’assurance spirituelle, il redescend de la montagne pour rejoindre un village. Au moment il pénètre dans cette bourgade, il est empli de paix intérieure et regarde la population affairée avec détachement. Soudain, un enfant sort d’une rue adjacente et le bouscule " Il ne s’excuse pas " pense-t-il avant de se reprendre aussitôt de cette pensée négative. Faisant encore quelque pas, un chien vient à lui pour aboyer. " Quel vilain chien mal dressé ! mais que fait son maître ?? " Puis, il entend derrière lui " Mais pousse-toi du chemin ! je dois livrer ces jarres au monastère ". N’y tenant plus, il laisse alors éclater sa colère. La paix Intérieure l’avait quitté au bout de quelques minutes.C’est ainsi qu’il comprit que l’illumination, expression de la divinité en l’homme, ne peut être trouvée qu’au cœur de la fraternité humaine. Il décida alors de rester 7 ans dans ce village, à méditer dans la rue…
Je pense que l’estime de soi passe d’abord par une "bonne conscience". Autrement dit, je crois qu’il faut cultiver de bonnes pensées, paroles et actions, afin de ne s’en reprocher aucune.Par ailleurs, c’est généralement par une estime réciproque que naissent les relations les plus harmonieuses, si tant est que celles-ci ne soient pas entravées par le manque de franchise ou la peur de blesser lorsqu’un élément vient "secouer le pommier".Les personnes qui partagent des idéaux communs et qui se rassemblent pour les faire valoir mènent alors l’estime vers une dimension plus large qui pourrait être manifestée par la naissance d’un sentiment de fraternité.Je crois donc que l’estime de soi-même, tout comme l’estime de l’autre, constitue la clé d’accès vers ce que Victor Hugo appelait "le germe de cet immense avenir où commencera pour le genre humain la vie universelle [..]"Utopiste? Peut-être bien… A nous de voir!
Merci pour votre exposé, qui nous rappelle que l’apprentissagede l’estime de soi fait partie des outils en vue du mieux-être et du développementpersonnel. Dans son enseignement, le Maître Jésus avait aussi remémoréaux disciples la Loi d’Amour, qui est aussi nommée la Règle d’Or dans maintestraditions religieuses ; c’est-à-dire : « Tu aimeras le Seigneurton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée ; tuaimeras ton prochain comme toi-même » (cf. évangile selon st. Matthieu, 22 :34 à 40).Or, il est effectivement bon de rappeler que l’on ne peut pas aimer sonprochain si on ne s’aime pas d’abord soi-même. Il est donc important decultiver l’estime de soi, et pour cela, de s’appliquer à suivre des règles d’éthique,pour que notre vie soit dirigée vers le Vrai, le Bien, le Bon. Le premier pasvers l’estime de soi peut donc être de choisir d’écouter notre conscience,cette petite voix intérieure qui nous avertit lorsqu’il peut arriver que noussoyons tenté d’emprunter les voies de la facilité et de l’obscurité…
Cela peut se rapprocher de cette maxime que l’on retrouve sur le portail du temple d’Apollon à Delphes : "Connais-toi toi-même". En se connaissant soi-même, il est effectivement plus aisé d’avoir une meilleure estime de soi, et aussi une meilleure estime de ceux qui nous entourent ; on a alors effectivement la possibilité de reconnaître le bon comme le mauvais en chacun, et avant tout en soi-même.Si l’on ne parvient pas à s’aimer, à s’apprécier tel que l’on est, comment peut-on aimer quelqu’un d’autre ?
Bonjour Serge,
« S’aimer soi-même ne veut pas dire s’aimer que soi-même ». Je retiendrais cette phrase qui est totalement vraie.
Il faut savoir se donné des limites et trouver le juste équilibre afin de ne pas tomber dans l’égocentrisme aiguë !
Merci pour votre article en tout cas.
Xolali
Je pense que l’estime que l’on porte pour soi-même est issue de différents facteurs importants. Deux d’entre eux me semblent très significatifs :
– Notre vie se déroule toujours dans un contexte social, même s’il est restreint. Ainsi le comportement, les impressions et les opinions des autres envers nous, qui résultent de leur vue personnelle fausse ou non et de leur estime auto-générée ou importée, voire de leur « jugement » réaliste, juste ou non, forment des éléments majeurs désignant l’une ou l’autre personne. Ils définissent généralement une acceptation ou un rejet et affectent de ce fait particulièrement les émotions. De plus, ils ont un caractère invasif et adhésif voire répétitif et exercent ainsi un impact important sur nous, ceci déjà dès le plus jeune âge, par exemple dans le milieu familial et scolaire, les relations, le travail, la vie sociale etc. Il est souvent difficile, mais certainement pas impossible de se libérer de ces influences en travaillant le plan rationnel, psychologique et affectif.
– D’autre part étant consciemment ou inconsciemment toujours confronté ou en dialogue avec nous-mêmes, nous nous forgeons nous-mêmes notre image sur nous et ses critères qui évolueront proportionnellement avec notre personnalité et notre caractère, nos expériences et particulièrement avec notre conscience et notre évolution spirituelle. Ainsi elle deviendra la fondation, la base de notre estime envers nous-mêmes. À nous de le diriger dans de justes proportions, et donc de générer une estime saine. Ainsi nous pourrons découvrir qui nous sommes réellement, découvrir notre Maître intérieur qui nous aidera. Parrainé par la sagesse et la spiritualité nous pourrons acquérir cette estime humble et douce qui brave chaque impact et chaque tremblement et qui nous stimule à nous parfaire.
Cordialement.
Je crois que l’estime (normale) de soi est une attitude qui peut favoriser la découverte de ce qu’il y a de plus élevé que le moi et que nous pouvons nommer le Soi. L’estime de soi pourrait, lorsque les conditions adéquates sont rencontrées, se transformer en estime du Soi. Platon écrivait que c’est dans l’âme que se trouve le Bien suprême et il apparaît nettement que l’âme est notre nature la plus élevée. Alors comment peut-on parvenir à l’estime de l’âme sinon en passant d’abord par la saine estime de soi.
Cette estime de soi peut prendre des formes inusitées, tant chez nous que chez les autres, et son expression, chez les autres, peut parfois nous étonner ou heurter nos conceptions… Cependant, quiconque se rabaisse, s’automutile psychiquement etc. fait preuve d’une attitude morbide qui est aux antipodes de la direction que prennent les énergies de la force de vie. Cette morbidité est en opposition à la vie qui est une condition de l’expression de l’âme dans sa confrontation avec la Matière divine.
Une question s’élève parmi d’autres qui est de savoir comment favoriser la saine estime de soi chez ceux dont l’idée du moi s’arrête uniquement à soi, sans transcendance, sans même qu’ils puissent se douter qu’il y ait un Soi ? Platon écrivait que Socrate pratiquait la maïeutique. Alors il m’apparaît évident que chacun de nous, selon ses aptitudes, peut aussi la pratiquer. Il me semble que c’est dans l’estime du Soi que nous pouvons trouver une forme supérieure, lumineuse, de la véritable estime du soi dans ses tentatives d’exprimer le Soi.
Je pensais ce matin à tous ceux qui, en cette période des Fêtes, sont seuls et tristes. Parallèlement, je me disais qu’il n’y a rien de triste dans la solitude si nous sommes, un tant soit peu, bien avec nous-mêmes. Ce texte nous permet de comprendre que pour être une bonne compagnie pour soi-même, il faut avoir appris à estimer notre propre valeur, à avoir un minimum d’estime de soi. Nous ne sommes pas parfaits, mais nous passons beaucoup de temps avec nous-mêmes. Alors, vaut mieux que ce temps soit agréable…
La satisfaction qu’ont toujours ceux qui suivent constamment la vertu est une habitude en leur âme qui se nomme tranquillité et repos de conscience. Afin de s’offrir cette tranquillité il suffit « de suivre exactement la vertu », « car quiconque a vécu en telle sorte que sa conscience ne lui peut reprocher qu’il n’ait jamais manqué à faire toutes les choses qu’il a jugées être les meilleures…il en reçoit une satisfaction qui est si puissante pour le rendre heureux, que les plus violents efforts des passions n’ont jamais assez de pouvoir pour troubler la tranquillité de son âme. » Ce sont les passions qui nous informent directement sur la diversité de nos semblables. Leur suppression ne doit pas signifier que nous devenons insensibles à l’égard d’eux, si nous réussissons en même temps à trouver la véritable cause pour laquelle nous pouvons légitimement nous estimer. Comme nous le savons, cette cause doit être le libre-arbitre, dont la reconnaissance est la générosité. C’est dans ce sens-là qu’on peut considérer le respect (ou (l’estime) de soi comme l’un de nos devoirs les plus importants. (Estime de soi et respect chez Descartes) Il faut être réservé avec les gens du monde, vrai avec les gens que l’on estime, franc avec ceux que l’on aime. L’estime comme l’amitié ne s’acquiert qu’avec le temps. Cordialement
C’est l’estime de soi qui devrait pousser les gens à se préserver de l’orgueil et de la vanité, ces deux vices de la personnalité qui conduisent au ridicule bien plus souvent qu’ils ne mènent à la gloire.
Propos très intéressant qui est le point central du comportement de chaque individu.
Que ce soit en amitié, en amour, pour faire de l’humour etc., on doit activer ce sentiment parce que pour aimer les autres, il faut d’abord s’aimer soi-même, à condition de ne pas faire de nombrilisme.