Lettre ouverte aux croyants

«Respecte toutes les croyances religieuses ou
philosophiques, dès lors qu’elles ne portent pas
atteinte à la dignité humaine. Ne soutiens ni ne
cautionne le fanatisme ou l’intégrisme, sous
quelque forme que ce soit. Dans la manière de
vivre ta foi, prends garde toi-même à n’être ni
dogmatique, ni sectaire. »

Code de vie rosicrucien

LETTRE OUVERTE AUX CROYANTS

de Serge Toussaint, Grand Maître de l’Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix

À l’aube de ce XXIe siècle, environ 75 % des croyants suivent l’une des grandes religions en vigueur ou s’en réclament, à savoir le Judaïsme, le Christianisme, l’Islam, l’Hindouisme et le Bouddhisme, pour ne citer que les plus importantes. C’est la preuve qu’elles ont toujours leur utilité et qu’elles servent d’ancrage à des milliards de personnes dans l’ensemble du monde. Bien que je n’appartienne à aucune, je les respecte toutes dans ce qu’elles ont de meilleur à offrir à leurs fidèles pour vivre leur foi au quotidien. Cela étant, elles doivent plus que jamais cultiver la tolérance entre elles, afin d’être des vecteurs de rapprochement et même de fraternité entre les hommes. Cette «Lettre ouverte aux croyants» n’a pas d’autre but que d’en appeler à ceux et celles qui suivent une religion, afin qu’ils se montrent tolérants les uns envers les autres et soient ainsi les ambassadeurs d’une religiosité ouverte et paisible.

D’après les anthropologues, les premiers hominidés sont apparus sur Terre il y a environ dix millions d’années. Durant des millénaires, toute leur énergie physique et mentale fut utilisée pour se maintenir en vie. Trouver leur nourriture, se protéger des prédateurs, construire des abris, se préserver des intempéries et autre activité vitale, fut très longtemps leur préoccupation et leur occupation essentielles. À cette époque lointaine, ils survivaient plus qu’ils ne vivaient. La découverte du feu, tel un don venu du ciel, révolutionna leur existence et leur apporta un bien-être qu’ils ne soupçonnaient pas. Elle leur permit, non seulement de s’éclairer, de se réchauffer et de faire cuire leur nourriture, mais également de prolonger leurs heures de veille. Dès lors, le regard perdu dans les flammes du foyer, ils commencèrent à réfléchir sur leur condition et, sans le savoir vraiment, posèrent au plus profond d’eux-mêmes les fondements du «connais-toi toi-même».

L’émergence de la première religion

Il est établi que la première religion émergea durant la préhistoire et fut de type animiste. C’est ainsi que les hommes primitifs croyaient que toute chose et tout être étaient animés par un esprit qui leur était propre : la terre, l’eau, l’air, le feu, mais aussi chaque rocher, chaque arbre, chaque plante, chaque animal, etc. Par extension, ils en vinrent à penser qu’eux-mêmes avaient un esprit, pour ne pas dire une âme. Cette idée s’imposa d’autant plus aisément à eux qu’elle leur permit de comprendre pourquoi, lorsqu’ils rêvaient, ils se voyaient marcher, courir, manger, chasser, échanger avec leurs proches… Dans leur pensée, cela s’expliquait par le fait que leur esprit pouvait se libérer de leur corps la nuit et poursuivre ses activités comme bon lui semblait. À ce propos, rappelons que Jung fit un lien étroit entre les rêves et l’âme. Contrairement à Freud, dont il fut le disciple pendant plusieurs années avant de rompre avec lui en raison de désaccords profonds sur la psyché humaine, il eut une approche spiritualiste de la psychanalyse.

S’il est un fait que l’animisme peut être considéré comme la première religion de l’histoire, et donc la plus ancienne, il faut néanmoins préciser qu’il n’était pas structuré et ne comportait pas de rites établis. À cette époque, les hommes primitifs se limitaient à croire que la nature était animée par une multitude d’esprits, les uns plutôt bienveillants, les autres plutôt malveillants. Certes, ils essayaient de s’attirer les faveurs des premiers et de se protéger du courroux des seconds, mais les pratiques qu’ils utilisaient dans ce but tenaient davantage de la magie que de la religion. Dans cet ordre d’idée, ils portaient des colliers fabriqués avec les dents de tel ou tel animal tué à la chasse et pensaient ainsi bénéficier de sa force. En période de sécheresse, ils imitaient la pluie avec de l’eau puisée dans une rivière ou un lac, en espérant qu’elle finirait par tomber. Dans le premier cas, les anthropologues parlent de «magie par contact» ; dans le second, de «magie par similitude».

Les millénaires passèrent et l’animisme donna graduellement naissance à une autre forme de religion : le polythéisme. Dans une certaine mesure, son avènement marqua le passage de la préhistoire à l’histoire. Au regard de la Tradition, c’est en Égypte qu’il atteignit son expression la plus élevée, en ce sens qu’il fut à l’origine d’un panthéon très structuré et très hiérarchisé, constitué de divinités ayant chacune son rôle et ses attributs. Par la suite, ce panthéon inspira celui qui fut en vigueur durant des siècles en Grèce, avant d’être repris et adapté par la Rome antique. On attribuait aux divinités concernées le pouvoir de guérir, de protéger, d’inspirer, de rendre les récoltes abondantes, etc. Mais pour obtenir leurs faveurs, il fallait suivre les rites et les rituels préconisés par le clergé. Pendant des milliers d’années, ce sont donc les religions polythéistes qui permirent aux croyants de vivre leur foi et qui conditionnèrent la vie des peuples.

Alors que le polythéisme était en vigueur depuis des siècles en Égypte et dans d’autres pays, un pharaon hors du commun révolutionna le concept de religion : Amenhotep IV. Plus connu sous le nom d’Akhenaton, il régna vers 1350 avant l’ère chrétienne. Sans pour autant mettre fin aux rites et aux rituels mis en œuvre par le clergé pour vénérer les divinités du panthéon officiel, lequel accordait une primauté à Amon, il prôna l’idée que ces divinités n’étaient que des expressions diverses et variées d’un seul Dieu qu’il symbolisa par le Soleil et qu’il désigna sous le nom d’Aton. De nos jours encore, son célèbre «Hymne à Aton», connu des historiens et des égyptologues, est considéré comme l’un des plus beaux textes de son époque. Il fut également à l’origine d’une véritable révolution dans le domaine de l’art. Quoi qu’il en soit, pour la première fois dans l’histoire, le monothéisme se substitua au polythéisme, ce qui marqua une étape très importante dans l’évolution de la religiosité.

Les trois « religions du livre »

Avec le Judaïsme, dont Moïse posa les fondements durant l’exode qui mena le peuple hébreu d’Égypte en Israël, le monothéisme s’émancipa du polythéisme et prit la forme d’un monisme anthropomorphique personnifié par Yahvé, qui devint pour tous les Juifs le Dieu unique de référence. Au fil du temps, cette religion monothéiste se structura, se dota d’une liturgie très élaborée et s’enrichit d’une littérature abondante, notamment à travers ses nombreuses exégèses. Plus de trois mille ans après que le Prophète ait reçu les Tables de la Loi sur le mont Sinaï, le Judaïsme, tous courants confondus, reste une religion majeure. On évalue à environ 14 millions le nombre d’hommes et de femmes qui la suivent à travers le monde, dont environ 5 millions en Israël, terre qui l’a vu naître. Ce chiffre peut sembler minime par rapport au nombre de Chrétiens, Musulmans et même Bouddhistes, mais le Judaïsme, de par ses origines, son histoire, sa tradition et son fonctionnement, ne se prête guère au prosélytisme.

Il y a un peu plus de deux mille ans, alors qu’Israël était sous l’emprise de Rome et que les Juifs ne se sentaient pas vraiment libres de suivre leur religion, naquit celui que les Chrétiens élevèrent au rang de «fils de Dieu». Connu sous le nom de Jésus durant son enfance et son adolescence, il fut crucifié par les Romains vers l’âge de 33 ans (et non par les Juifs comme certains le prétendent), sous prétexte qu’il troublait l’ordre établi. D’après la tradition chrétienne, il ressuscita trois jours après sa crucifixion, après avoir rédempté le monde tandis qu’il souffrait sur la croix. Ce double miracle constitue encore aujourd’hui le fondement de la foi que les Chrétiens placent en lui et dans son enseignement (environ 2,4 milliards dans le monde). Comme c’est le cas du Judaïsme, le Christianisme s’est doté d’une doctrine très structurée et d’une liturgie très vaste, et a donné naissance à une littérature à ce point abondante qu’il est impossible d’en évaluer l’ampleur.

L’Islam, troisième «religion du livre» avec le Judaïsme et le Christianisme, se rattache à la vie et à l’œuvre de Mahomet, qui naquit en 571 à Mekka (La Mecque). La tradition islamique lui attribue le Coran, qu’il aurait écrit, tantôt sous la dictée de Dieu Lui-même, tantôt sous celle de l’ange Gabriel. De nos jours, c’est ce Livre qui guide la foi des Musulmans. Indépendamment de la religion à laquelle il donna naissance, les historiens s’accordent à dire qu’il pacifia l’Arabie et l’unifia à une époque où elle se déchirait dans des guerres intestines particulièrement violentes. Elle était alors sous l’emprise de croyances polythéistes. À l’instar de Moïse, Mahomet fut donc à la fois un guide spirituel et le chef d’une nation en voie d’unification. Toujours est-il que l’Islam est l’une des religions les plus suivies de nos jours (environ 1,8 milliard de fidèles à travers le monde), avec une doctrine, une liturgie et une littérature qui, elles aussi, ont traversé les siècles.

Ces considérations générales m’ont semblé nécessaires avant d’en venir à un point qui me paraît très important : le Judaïsme, le Christianisme et l’Islam ne sont pas des religions aussi distinctes et cloisonnées qu’on pourrait le penser a priori. En effet, sur le plan historique, le Christianisme est en quelque sorte le prolongement du Judaïsme et plonge ses racines en lui. C’est ce qui fit dire à Jésus : «Je ne suis pas venu abolir la loi des prophètes, mais l’accomplir». Il me semble d’ailleurs impossible de comprendre le Nouveau Testament sans connaître l’Ancien Testament, ce qui justifie qu’ils soient souvent réunis dans un seul et même livre : la Bible. Il faut rappeler également que selon certains textes, Mahomet se familiarisa avec le Judaïsme et le Christianisme avant de poser les bases de l’Islam. Par ailleurs, il éprouvait un profond respect pour Moïse et Jésus, tous deux cités comme prophètes dans le Coran. Si tous les Juifs, Chrétiens et Musulmans avaient pleinement conscience de cela, vous conviendrez certainement qu’il y aurait infiniment moins de dissensions entre eux.

Quant au Bouddhisme, que certains considèrent davantage comme une philosophie que comme une religion, il prend sa source dans l’Hindouisme, non sans avoir subi maintes modifications et adaptations au cours des siècles. On trouve d’ailleurs des doctrines communes à ces deux religions : karma, samsara, nirvana… Et d’après certaines thèses, le panthéon hindouiste aurait été lui-même inspiré par le polythéisme égyptien, avec un symbolisme quelque peu différent. C’est ainsi que la trinité Brahma, Vishnou et Shiva serait une transposition de la trinité Osiris, Isis et Horus. Notons également que cette idée de trinité se retrouve actuellement dans certaines religions monothéistes, notamment dans le Christianisme, où il est fait état de Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit. Dans le même ordre d’idée, la plupart d’entre elles ont une approche ternaire de l’être humain : esprit, âme et corps.

Naturellement, il existe d’autres religions que le Judaïsme, le Christianisme, l’Islam, l’Hindouisme et le Bouddhisme, mais la plupart en dérivent directement ou indirectement. En fait, toutes ont emprunté une partie de leur enseignement aux unes et aux autres, et se sont influencées mutuellement, de sorte que l’on ne devrait jamais les opposer. Malheureusement, nous savons tous que nombre d’entre elles se sont combattues au cours de l’histoire et le font encore de nos jours. Pourquoi ? Parce que certains de leurs dirigeants et de leurs fidèles se comportent comme si la religion qu’ils suivent détenait le monopole de la foi et de la vérité. Ce faisant, ils font preuve d’intolérance à l’égard des croyances et des pratiques auxquelles adhèrent les fidèles des autres religions. Dans les cas extrêmes, ils font preuve d’intégrisme et de fanatisme, au point de combattre et de tuer ceux qu’ils considèrent comme des païens ou des infidèles. Régulièrement, l’actualité est défrayée par des conflits plus ou moins graves entre Juifs et Chrétiens, Chrétiens et Musulmans, Musulmans et Bouddhistes…, en Orient comme en Occident.

L’Ordre de la Rose-Croix est ouvert à toutes les religions

Les remarques précédentes ne constituent en aucun cas une mise en cause ou une critique des religions. L’Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix compte d’ailleurs parmi ses membres des Juifs, des Chrétiens, des Musulmans, des Bouddhistes, des Hindouistes, etc., sans que cela pose le moindre problème. En outre, si la plupart, comme moi-même, n’appartiennent à aucune religion, nombre d’entre eux s’intéressent à leur fondement ésotérique : la Kabbale pour le Judaïsme, le Gnosticisme pour le Christianisme, le Soufisme pour l’Islam, etc. Comme le savent les historiens des religions, celles-ci intègrent généralement deux aspects : le premier concerne les croyances qu’elles destinent au commun des fidèles à travers leurs pratiques “publiques” ; le second se rapporte aux connaissances mystiques qui se cachent derrière ces croyances. À titre d’exemple, Adam et Ève, dont il est fait mention dans la Bible et le Coran, offrent deux niveaux d’interprétation : sur le plan exotérique, ils désignent respectivement le premier homme et la première femme qui auraient vécu sur Terre et d’où serait issue toute l’humanité ; sur le plan ésotérique, Adam symbolise l’univers, et Ève l’âme (universelle) qui l’anime depuis les origines de la Création.

En tant que Rosicrucien, c’est la quête de connaissance et de sagesse qui suscite tout mon intérêt, mais je respecte les fidèles qui vivent leur foi à travers les croyances que véhiculent les religions qu’ils suivent. Ce que je condamne, et je ne suis évidemment pas le seul à le faire, c’est l’intolérance, l’intégrisme et le fanatisme religieux, d’autant que ce sont des comportements qui sont contraires au message de fond prôné par les religions et qui, par là même, les trahissent. Rappelons les paroles de Moïse : «Chacun de vous doit aimer son prochain comme lui-même» (Lévitique 19,18) ; de Jésus : «Aimez-vous les uns les autres» (Évangile selon saint Jean 13,34) ; de Bouddha : «Mettez-vous à la place des autres ; si vous y arrivez, vous ne serez plus capables de leur faire du mal» ; de Mahomet : «Nul d’entre vous n’est tout à fait croyant tant qu’il n’aime pas pour son prochain ce qu’il aime pour lui-même» (Hadith 6-7), auxquelles on pourrait ajouter de nombreux aphorismes, préceptes et commandements présents dans la littérature religieuse.

La question que l’on peut se poser est de savoir comment faire, lorsque l’on suit une religion, pour ne pas se laisser gagner par l’intolérance, l’intégrisme et le fanatisme, avec tout ce qui peut en résulter en termes d’oppositions, de conflits et même de guerres. En premier lieu, en partant du principe que celle à laquelle on appartient ne détient ni le monopole de la foi ni celui de la vérité ; en second lieu, en faisant preuve de tolérance et d’ouverture d’esprit à l’égard des autres religions, l’idéal en la matière étant de se familiariser avec leurs doctrines, leur liturgie et leur littérature ; en troisième lieu, en faisant la distinction entre ce qui est du ressort de la Religion en général et ce qui est du domaine de Dieu en particulier, quelle que soit la conception que l’on ait de Lui. Il faut être conscient également que la religion que l’on suit peut ne plus nous convenir à un moment donné de notre existence. Dès lors, on doit pouvoir la quitter sans pour autant la critiquer.

La nuance que je viens de faire entre Dieu et la Religion mérite peut-être d’être explicitée. Sans vouloir faire preuve d’intolérance ou d’étroitesse d’esprit, je pense qu’aucun Livre sacré n’a été dicté et encore moins écrit par Dieu Lui-même. Dans le cas contraire, cela ferait de Lui un Être anthropomorphique, ce qu’Il n’est pas. Que ce soient la Bible, le Coran, les Upanishads et autres Textes dits sacrés, tous sont l’œuvre d’êtres humains qui, aussi inspirés qu’ils aient pu être, étaient imparfaits et susceptibles de se tromper. C’est pourquoi il faut les lire avec un certain recul et ne pas les interpréter à la lettre. Par ailleurs, aucun responsable religieux, quel que soit son niveau dans la hiérarchie, ne sait, ni qui est Dieu, ni ce qu’Il pense, ni ce qu’Il veut. Prétendre le contraire est une imposture et relève de la manipulation mentale. Ceci s’applique également à tout guide spirituel (ou supposé tel) œuvrant en dehors des religions établies et avérées. Trop de crimes ont été commis au nom de Dieu et le sont encore, alors que, de toute évidence, Il n’en a jamais donné l’ordre ou l’instruction.

Le dialogue interreligieux

Quoi qu’on en dise, aucune religion n’est supérieure à une autre. Pour prendre une analogie, elles sont comme les rayons d’une seule et même roue. Toutes partent du même centre (la foi en Dieu) et aboutissent à la même circonférence (l’ensemble des croyants). Lorsque la roue de la vie tourne, on ne distingue plus vraiment les rayons, car rien, dans l’absolu, ne différencie un fidèle d’un autre. Ce sont avant tout des êtres humains, avec leurs joies et leurs peines, leurs espoirs et leurs regrets, leurs réussites et leurs échecs. En termes rosicruciens, ils ont en commun d’être des âmes vivantes. Autrement dit, ce sont des hommes et des femmes en voie d’évolution, incarnés en ce monde afin de s’éveiller à ce qu’il y a de meilleur en eux, pour ne pas dire à ce qu’il y a de plus divin, et le manifester à travers leurs jugements et leur comportement, au contact des autres. C’est précisément ce qu’ont enseigné les plus sages parmi ceux qui ont œuvré au développement des religions, tous credo confondus.

La plupart des religions du passé ont été fondées dans un contexte historique, géographique et sociologique particulier, souvent même pour une nation ou un peuple donné. De siècle en siècle, elles se sont répandues dans des contrées de plus en plus éloignées de leur pays d’origine et, pour beaucoup, ont ainsi accru le nombre de leurs fidèles. De nos jours, sous l’effet de la mondialisation et du métissage des races, des ethnies et des cultures, elles sont partout présentes, de sorte que Juifs, Chrétiens, Musulmans, Hindouistes, Bouddhistes et autres se côtoient au quotidien. Je pense que c’est là une bonne chose, car ce côtoiement favorise le dialogue interreligieux et contribue à rendre les fidèles plus tolérants à l’égard des autres religions. Je suis convaincu également qu’il porte en lui les germes d’une Religion universelle à venir, laquelle intégrera ce que chacune des grandes religions actuelles contient de meilleur pour répondre à la foi de tous les croyants. Dès lors, ce ne sera plus Yahvé, Dieu le Père, Allah, Brahma ou Autre, qu’ils vénéreront, mais le Dieu de tous ceux et de toutes celles qui croient en Lui. J’aime à penser également que l’étape suivante de ce processus sera l’émergence graduelle d’une Spiritualité universelle non religieuse.

Naturellement, on peut être croyant sans suivre une religion particulière. Certains font plutôt partie d’un mouvement philosophique tel que l’A.M.O.R.C. ; d’autres appartiennent à des groupes de type “new age” ; d’autres encore mènent seuls leur quête spirituelle à travers des livres, des conférences ou des séminaires. Il appartient à chacun de trouver sa voie, selon sa personnalité, son tempérament et son niveau de conscience. Mais quelle que soit cette voie, ce que j’ai dit précédemment à propos des religions reste valable, à savoir qu’il faut se garder de l’intolérance, du fanatisme et de l’intégrisme. Dans une certaine mesure, et comme je l’ai expliqué dans une «Lettre ouverte aux athées», il en est de même pour les non-croyants, dont certains ont tendance à se montrer sectaires. Certes, on est entièrement libre de ne croire ni en l’existence de Dieu ni en celle de l’âme, mais on ne doit pas mépriser pour autant les croyants et combattre la spiritualité, comme certains intégristes et fanatiques de l’athéisme le font, parfois sous couvert de laïcité. La liberté de non-croyance n’a de légitimité que si elle respecte la liberté de croyance, et inversement. L’une et l’autre doivent rimer avec tolérance.

Pour conclure, j’invite le croyant que vous êtes peut-être à imaginer ce que Moïse, Jésus, Bouddha et Mahomet, pour ne citer qu’eux, diraient s’ils revenaient pour tenir ensemble une conférence de presse retransmise dans le monde entier. De toute évidence, ils nous feraient part de leur profonde tristesse à la vue des dévoiements parfois extrêmes auxquels les religions ont donné lieu, et exhorteraient tous les fidèles à faire triompher la fraternité, la paix et l’amour.

Dans l’espoir que tous les croyants en viennent un jour à faire preuve entre eux de tolérance et de respect, recevez mes meilleures pensées.

Sincèrement.

Serge Toussaint

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