À propos de la justice

« Tout être humain a un sens inné de ce qui est juste et injuste »

Dans la plupart des livres de référence, la justice est définie à la fois comme un idéal philosophique et une institution. Quoi qu’il en soit, je suis convaincu que tout être humain a un sens inné de ce qui est juste et injuste à son égard ou à l’égard d’autrui. Pour s’en convaincre, il suffit d’observer le comportement d’un enfant lorsqu’il est confronté à une injustice, par exemple lorsqu’il est accusé d’avoir dit ou fait quelque chose qu’il n’a ni dit ni fait. En pareil cas, il nie avec force, se défend vigoureusement, a des sanglots dans la voix et se sent désemparé.

Le sens de l’éthique

Comment expliquer le fait que tout être humain a un sens inné de la justice ? D’un point de vue rosicrucien, c’est parce qu’il possède une âme et que celle-ci intègre le « sens de la justice ». Dans le même ordre d’idée, je pense que tout individu, au plus profond de lui-même, sait ce qui est fondamentalement bien et fondamentalement mal dans le comportement humain. Là aussi, vous avez certainement remarqué que lorsqu’un enfant a fait une “bêtise”, il en a parfaitement conscience : il baisse les yeux, bafouille, a un air penaud… Malheureusement, si l’éducation ne suit pas, il en vient progressivement à perdre ce « sens de l’éthique » et à transiger avec sa conscience.

« Pourquoi y a-t-il autant d’injustices dans le monde ? »

Une autre question se pose : si tout individu a le sens inné de la justice, pourquoi y a-t-il autant d’injustices en ce monde ? C’est parce que les êtres humains ont tendance à agir, non pas sous l’inspiration de leur âme, mais sous l’impulsion de leur ego. Or, celui–ci est enclin à agir dans son intérêt et à son avantage, parfois et même trop souvent au détriment des autres. De ce fait, il peut nous inciter à aller à l’encontre de notre « sens de la justice » et de notre « sens de l’éthique », ce qui se traduit par un comportement injuste de notre part, voire mauvais. En règle générale, nous avons alors conscience de mal agir ; charge à nous de nous ressaisir ou non, ce qui pose le problème du libre arbitre.

L’institution judiciaire

Du fait que l’homme est capable de se montrer injuste envers ses semblables, avec tout ce qui en résulte de négatif pour les victimes (calomnie, diffamation, agression, spoliation, emprisonnement…), la société en est venue à créer une institution destinée à rendre la justice. Cette institution n’a cessé de se développer au cours du temps et de se complexifier, au point d’intégrer de nos jours un grand nombre de professions (policiers, gendarmes, juges, procureurs, avocats, etc.). Et ce n’est qu’à l’issue d’une procédure de plus en plus longue que celui ou celle qui a été victime d’une injustice peut espérer obtenir réparation. Assurément, cette institution, que je respecte au demeurant, croule sous les procédures de toutes sortes et génère elle-même des injustices.

Malheureusement, le manque, pour ne pas dire l’absence d’éducation et d’éthique, ainsi que la montée du matérialisme et de l’individualisme, exacerbent les comportements injustes et favorisent les inégalités entre les individus et les peuples. Souhaitons que l’humanité dans son ensemble se ressaisisse et comprenne que son bonheur dépend de son aptitude à agir sous l’inspiration de ce qu’il y a de meilleur dans la nature humaine. La règle d’or dans ce domaine reste et demeure ce commandement que l’on retrouve dans quasiment toutes les religions : « Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas que l’on te fasse ! » C’est précisément ce que les Rose-Croix s’efforcent de faire au quotidien.

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Cet article a 11 commentaires

  1. Martine

    Dans une société où l’on a tendance à juger d’abord les autres, il s’avère bien difficile de parler de justice. C’est tellement facile de voir les outrages des autres. À mon humble avis le monde sera plus juste quand chacun s’evertuera à juger ses propres comportements avec objectivité. Disons que nous avons encore du chemin à faire…

  2. Patrick

    Je souhaite revenir sur l’avant dernier paragraphe de Serge Toussaint sur lequel je suis entièrement d’accord.Pour avoir donné des cours dans le domaine juridique et avoir pendant des années appliqué le droit, j’ai constaté un phénomène d’empilement des législations.Je m’explique : un acte qui demandait simplement une signature sur une feuille il y a 40 ans, s’est transformé, au fil du temps, en un document d’une centaine de pages que l’on demande aux parties de parapher, mais qu’elles ne lisent pas, car cette littérature juridique est trop indigeste et préparée sécialement pour des professionnels.Ceci paradoxalement apporte moins d’informations et allonge les délais de procédure, ce qui va à l’encontre du but recherché.Il faudrait un retour à la simplicité, mais est ce possible ? Tout en maintenant les avancées du droit, il faudrait pouvoir éliminer ce qui est inutile mais qui a été introduit par des personnes qui n’ont aucun souci de la pratique.

  3. Lyne G.

    Bizarrement, nous nous intéressons à ce qui est injuste mais peu à ce qui est juste. Pourquoi? Le sens de la justice peut nous aider à balancer les opposés ou les contraires pour adopter une attitude visant la Sagesse. Or, l’injustice soulève l’indignation et la colère qui, transmutées en une action positive, peut devenir un levier de changement significatif.

  4. Anne-Marie.K

    Actuellement on peut – encore et malheureusement – observer des différences, voire même parfois des contradictions, en matière de législation et des lois dans nombreux pays, se référant d’abord à leur propre concept socio-politique, leur religion etculture, ce qui engendre des problèmes et est un danger réel pour une paixmondiale durable.Dès lors je pense que les lois devraient refléter les droits de l’homme, la déclaration rosicrucienne des devoirs de l’homme, un humanisme mondial et lasagesse du cœur et de l’esprit, afin d’être applicables et appliquées au niveaumondial, dans chaque pays, ce qui serait d’ailleurs un point positif urgent dansle cheminement vers la mondialisation.Cordialement

  5. Angélique A

    Qui parle de justice, parle d’équilibre. Le symbole de la balance en lien avec l’expression de la justice implique cette recherche d’équilibre pour trouver la juste mesure. Je suis bien  d’accord que si le sens de la justice est inné, chaque être pourra remettre dans le plateau qui déséquilibre cette balance l’acte nécessaire pour rectifier la mesure. La question qui me vient est à savoir ce que met actuellement la ‘justice’, qui tient le glaive, dans le plateau des contre-poids ou de la mesure? Et celui qui n’a jamais vu l’exemple du ‘bien’, dans l’ignorance de ce que cela représente, n’aura peut-être pas de suite la notion nécessaire pour faire remonter la balance. Essayons de montrer l’exemple et de ne pas tomber dans les travers de la tentation, ni de la revanche ‘contre’ ceci ou cela, mais soyons ‘pour’.En tous les cas, quel que soit la situation de celui qui engendre le mal, quand nous grattons un peu, nous y découvrons des actes issues de beaucoup de souffrance humaine.  Je ne pense pas que ce sont les lois rationnelles qui vont résoudre les questions d’injustice humaine. Les lois sont utiles pour rendre la co-habitation possible et rappeler à tout un chacun de vivre dans le respect, mais l’humain ne pourra se libérer de sa souffrance que par l’évolution de sa conscience.

  6. Jean-Guy

    L’injustice est une notion qui apparaît très tôt au sein de l’évolution chez les animaux sociaux, comme le montre ce documentaire portant sur le sentiment d’injustice chez les primates (c’est vrai également chez les dauphins, les chiens, les chevaux etc.). On peut donc considérer que la justice constitue l’un des fondements d’une morale innée et naturelle, qui se manifeste dès les prémices de la construction de l’individualité au sein des espèces et peut trouver son apogée en l’être humain.Comme le souligne ce texte,  » la conscience d’avoir mal agi  » favorise la naissance d’une nouvelle étape de notre développement intérieur et spirituel : la nécessité de l’éthique. Or, il s’agit là d’un virage majeur. En effet, si les lois censées garantir la justice ne sont pas comprises, elles sont vécues comme une pression liberticide dont chacun s’échappe sitôt qu’il sait ne pouvoir être pris. Ceci garantit une justice des plus précaires mais, bien évidemment, absolument indispensable à ce stade d’évolution de notre société.L’éthique quant à elle, constitue un mouvement de l’intérieur, une prise de conscience des  règles qu’il est bon de respecter parce qu’elles sont susceptibles de garantir tout à la fois, l’équilibre et le bonheur, non seulement de la société, mais aussi de l’humanité tout entière. Dès lors, la volonté de fraternité, de respect et de compassion, permettant l’incarnation de la justice serait alors une composante fondamentale de la pensée et de l’action de tout individu en toute circonstance. Pour conclure, nous pouvons donc légitimement affirmer que toute personne inscrite dans une démarche d’évolution spirituelle telle que celle proposée par la Rose-Croix, contribue à l’émergence d’un monde plus juste et plus humaniste.

  7. Vivaldi

    Le commandement de Jésus : « Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas que l’on te fasse » résume tous les principes de justice, et selon ce que j’ai compris, la conscience est la seule juge qui pourrait permettre à quelqu’un d’être juste envers autrui. C’est laraison pour laquelle j’opte pour un appel ou un éveil de la conscience, ce quipourrait nous aider à agir de manière plus juste envers les autres.

  8. pivoine

    Que dire de plus. Tout est dit avec sagesse et discernement.

  9. Isora

    🙂Le mot « JUSTICE » est conforme à son histoire. Le droit romain créateur de la première justice institutionnelle de l’histoire est aussi à l’origine linguistique du mot. Allant de l’antiquité à la période contemporaine et justice moderne  considérée comme bien sur le plan moral. Vu que Dieu est le créateur de l’homme et de la société et que c’est lui qui leur a donné l’ordonnance fondamentale, il s’ensuit que c’est cet ordre divin, défini une fois pour toute par la loi de Dieu qui constitue la base de toute justice tant individuel que publique. La justice est une qualité de l’âme humaine, elle règle les rapports entre les âmes. C’est elle qui fait naître le respect, estimation que tous les hommes doivent avoir l’un pour l’autre. Pour atteindre la perfection, il faudra poser comme appui solide, comme la première marche de notre vie, cette divine justice dans laquelle s’exprime l’amour envers tous les êtres : les hommes, les animaux, les plantes. Cordialement.

  10. Lermite

    ‘‘Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés !’’J’aime beaucoup cette phrase du ‘‘Sermon sur la montagne’’. Elle est parfois comprise dans le sens que notre soif de vengeance sera rassasiée… Par chance, la justice de la vie n’en est pas une de vengeance. Elle tend plutôt à nous ouvrir les yeux sur les bienfaits de la patience, de la tolérance, de la bienveillance et, d’une façon générale sur laconviction que la Vie dans son ensemble, malgré nos peines et nos souffrances, estfaite de telle façon que nous pouvons en venir à agir directement sur notrebonheur. En effet, notre attitude face à la justice, et surtout notre réactionface au sentiment d’injustice, peut faire en sorte que nous soyons un agent depaix plutôt qu’un brasier d’amertume. Même si parfois le problème nous semblevenir de l’extérieur, la solution est toujours en nous-même. Et c’est là lemeilleur endroit pour rencontrer la paix et la justice.

  11. esther melèdje

    Les lois créées étant les garde-fous de la justice, tout individu n’a pas d’autre obligation que de la respecter pour être un bon citoyen. Cependant, ces lois octroyant autant des droits que des limites, choisir le juste milieu est souhaitable. Cela signifie qu’il faut ajouter à ces lois « La Déclaration rosicrucienne des devoirs de l’Homme » (pourvu qu’ils soient appliqués), vu ce que nous vivons au quotidien avec certaines lois bafouées (abus de droits et ou non respect d’obligations), et qui engendrent la plupart des problèmes que traverse l’humanité.Heureusement qu’il existe en dehors des lois terrestres la Loi divine, et donc une Justice divine qui veille.

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