Le verbe « aimer » couvre un large champ sémantique
Dans toutes les langues, le mot «amour» fait partie de ceux qui sont le plus souvent dits et écrits. Par ailleurs, il s’applique à des notions multiples et couvre un vaste domaine de sentiments. C’est ainsi que l’on parle de l’amour que l’on ressent pour un conjoint ou une conjointe, ses enfants et autres proches, mais également pour les animaux, la nature, un pays, la musique, la littérature, le sport… Nous voyons donc que le verbe «aimer» couvre un large champ sémantique et que, selon ce à quoi il s’applique, exprime un niveau ou un degré d’amour différent pour des êtres, des choses ou des centres d’intérêt divers.
Des amours “communs” et des amours “particuliers”
La grande majorité des êtres humains ont en commun d’aimer ceux avec qui ils partagent leur vie. De même, beaucoup ressentent de l’amour à l’égard de la nature, ce qui ne veut pas dire pour autant qu’ils la respectent. Nombreux également sont ceux qui aiment tel artiste, tel acteur, telle personnalité politique, tel sport… En revanche, il y en a beaucoup moins qui ont l’amour de la littérature, de l’art ou du mysticisme. Il y a donc des “amours communs” et des “amours particuliers”, les premiers n’excluant pas les seconds, et inversement. À titre d’exemple, aimer la nature n’empêche nullement d’aimer la littérature.
Existe-t-il une hiérarchie dans l’amour ?
On peut se demander s’il existe une hiérarchie dans ce que l’être humain peut ou doit aimer. Je pense que oui. C’est ainsi qu’il y a une grande différence entre l’amour du prochain et l’amour du sport. Le premier se rapporte à un idéal qui prend sa source dans notre âme et qu’elle aspire à vivre, même si nous n’en avons pas conscience objectivement. Le second s’apparente plutôt à une passion que l’ego, au sens positif du terme, prend plaisir à satisfaire. Vu sous cet angle, il me semble que plus ce que l’on aime est universel et intemporel, plus cet amour est noble, élevé et constructif. Il en est ainsi de l’amour de l’homme pour l’homme, de l’amour de l’homme pour la nature, et de l’amour de l’homme pour Dieu, tel qu’on Le conçoit.
Vers l’Amour universel
Tous les sages, et pas seulement Jésus, ont exhorté les hommes à s’aimer les uns les autres. Pourquoi ? Ni par principe, ni par sensiblerie, mais parce qu’ils savaient que là se trouvent non seulement la raison d’être de l’humanité, mais également la voie que tout être humain doit suivre s’il veut se réaliser. On notera d’ailleurs que tout individu, excepté s’il souffre d’une maladie mentale, a besoin d’aimer et d’être aimé. S’il en est ainsi, c’est parce que ce besoin, pour ne pas dire ce désir, fait partie de sa nature profonde, de son âme. Cela étant, chacun de nous est imparfait, et les autres aussi, de sorte qu’aimer tout le monde est quasiment impossible pour le commun des mortels. Tout en essayant de tendre vers cet idéal, les Rose-Croix considèrent que l’essentiel est déjà de ne haïr personne et de ne faire de mal à quiconque. À défaut de tous nous aimer mutuellement, imaginez ce que serait le monde si aucun parmi nous ne se laissait aller à la haine ou à la malveillance !
Amour et sexualité
Une remarque pour clore ces quelques explications : je regrette que notre époque actuelle accorde tant de place au sexe et si peu à l’amour. Au risque de sembler trop pudique ou même trop prude, la sexualité débridée qui s’étale à la télévision, dans la presse “people” ou sur internet, rabaisse l’amour humain à son plus bas niveau. Naturellement, cela ne veut pas dire qu’il est inconvenant, immoral et encore moins coupable d’aimer physiquement, mais de là à en faire un objet d’exhibition, de luxure et même de bestialité ! Dans l’absolu, ne devrait-on pas considérer, comme l’a dit Ibn Arabi, que «le terme de l’amour chez l’être humain est de réaliser l’union de deux âmes à travers l’union de deux corps» ?