Spiritualité et Éthique des Rose-Croix

Spirittualité et Éthique des Rose-Croix

« Une sagesse ancienne pour un monde nouveau »

Par Serge Toussaint | Éditions Créa’Tone (2023)

Disponible en librairie et sur Internet.

Résumé

Ce livre comporte deux parties. Dans la première, Serge Toussaint expose la spiritualité des Rose-Croix au moyen de douze lois ontologiques fondamentales, permettant au lecteur de se faire une idée générale sur leur conception de Dieu, de l’âme, de la conscience, de la matière, du temps et de l’espace, de la vie, du destin, de la mort, de l’au-delà, de la réincarnation, etc.

Dans la seconde partie de ce livre, l’auteur présente l’éthique rosicrucienne à travers douze vertus qu’il juge utile d’éveiller, non seulement dans notre propre intérêt, mais également dans celui des autres : la patience, la confiance, la tempérance, la tolérance, le détachement, l’altruisme, l’intégrité, l’humilité, le courage, la non-violence, la bienveillance, la sagesse.

Dédié à celles et ceux qui sont en quête de connaissance et de sagesse, cet ouvrage, écrit dans un style très accessible, est une invitation à s’interroger sur soi-même et sur le sens profond de l’existence.

Introduction

De toute évidence, le monde va mal, et ce, dans quasiment tous les domaines de l’activité humaine : social, économique, politique, religieux, scientifique, technologique, écologique, éthique… D’une manière générale, ces domaines sont en proie à des dérèglements ou à des dérives qui portent atteinte à l’individu et à la société. Comment expliquer cette crise généralisée ? Les causes en sont multiples, mais je pense que la principale réside dans le fait que les êtres humains, dans leur très grande majorité, sont devenus trop matérialistes et recherchent le bonheur dans l’avoir, au détriment de l’être. Ce faisant, ils se laissent dominer par ce qu’il y a de moins noble dans la nature humaine : le désir de posséder, de dominer, d’être reconnu, d’être meilleur que les autres…

Si vous partagez ce constat, vous comprendrez que l’humanité ne se donnera un avenir prometteur que si elle rompt avec le matérialisme ambiant et s’ouvre à davantage de spiritualité. Je ne veux pas dire en cela qu’il faut renouer avec la religiosité, laquelle est en déclin dans la plupart des pays du monde. S’il en est ainsi, c’est parce que de moins en moins de personnes, notamment parmi les jeunes générations, adhèrent à leurs dogmes : la création du monde en sept jours, Adam et Ève comme père et mère de l’humanité, l’enfer et le paradis en tant que destinations post mortem, le diable qui dispute à Dieu les âmes humaines… Dans ce domaine, aucun retour en arrière ne semble possible, car l’instruction a fait son œuvre et la science a rendu caducs nombre de préceptes religieux.

Quelle que soit la religion à travers laquelle elle s’exprime, la religiosité est basée sur la croyance, ce qui est respectable en soi. La spiritualité, telle que je la conçois, est fondée sur la connaissance. Indépendamment de la voie qui lui sert de support, elle n’est pas dogmatique et s’apparente à une quête mystique, au sens noble du terme. Autrement dit, un spiritualiste éclairé est animé par le désir de mieux se connaître lui-même, de mieux comprendre le sens profond de l’existence, et de mieux maîtriser sa vie, afin de la rendre aussi conforme que possible à ses espérances. Tel est précisément le but de la spiritualité rosicrucienne, telle que l’Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix la véhicule à travers son enseignement et sa philosophie.

La spiritualité, même dans sa forme la plus mystique et la plus universelle, ne peut à elle seule sortir l’humanité de l’impasse où elle se trouve actuellement. Il faut également qu’elle fasse de l’éthique le fondement de ses choix, de ses idéaux et de sa raison d’être. Si elle ne le fait pas, elle court le risque de sombrer et même de disparaître sous l’effet de ses instincts les plus destructeurs. Il y a quelques décennies, seuls les adeptes des sectes apocalyptiques et autres “prophètes de malheur” prédisaient la fin du monde. Aujourd’hui, Certains philosophes et sociologues envisagent une telle hypothèse en raison de la déliquescence des mœurs. Par ailleurs, de nombreux scientifiques se font de plus en plus alarmistes quant à l’état de la planète.

Un philosophe contemporain dont je tairai le nom a déclaré que « ce n’est pas la politique qui pourra sauver le monde, mais l’éthique ». Je partage tout à fait ce point de vue. D’une manière générale, l’éthique correspond à la volonté d’exprimer le meilleur de soi-même dans sa manière de parler et d’agir. Par extension, elle consiste à travailler sur nous-mêmes, afin de nous parfaire et de faire preuve de sagesse dans notre comportement. C’est ce que Socrate, considéré comme le père de l’éthique, préconisait déjà à ses contemporains. Selon lui, elle seule pouvait permettre à l’humanité de s’élever, au point que chacun en vienne à œuvrer dans l’intérêt de tous. Il voyait en elle l’essence de l’humanisme, dans son application la plus universelle. Quant à Platon, son disciple, il l’assimilait au désir de manifester le vrai, le bien et le beau.

D’un point de vue rosicrucien, l’éthique est indissociable de la philosophie, au sens étymologique du terme, à savoir « amour de la sagesse ». Pour l’anecdote, rappelons que c’est Pythagore qui est à l’origine de ce mot. Considéré et désigné comme sage par ses disciples, il en vint à refuser ce qualificatif et demanda à ce que l’on dise de lui qu’il était plutôt un « philosophe », c’est-à-dire un « amoureux de la sagesse ». Quoi qu’il en soit, le monde actuel manque considérablement de sagesse, ce qui explique en grande partie l’état dans lequel il se trouve en ce début de XXIe siècle. Si nous voulons qu’il s’améliore et que la Terre devienne un lieu où il fasse bon vivre pour tous, il n’y a pas d’autre choix que de s’évertuer, individuellement et collectivement, à exprimer ce qu’il y a de meilleur dans la nature humaine. Cela suppose de faire de l’éthique un idéal commun à tous les citoyens et à tous les peuples.

Une précision s’impose peut-être : dans son application philosophique, « éthique » n’est pas synonyme de « morale », terme qui, dans l’esprit de nombreuses personnes, a une connotation religieuse et suscite un certain rejet de leur part. Faire preuve d’éthique, ce n’est donc pas se conformer à un code de vie fondé sur le credo de telle ou telle religion, avec ce que cela peut supposer d’arbitraire et de dogmatique. C’est plutôt faire son possible pour se conformer à ce qui est fondamentalement bien dans le comportement humain et pour éviter ce qui est fondamentalement mal. Vu sous cet angle, et comme l’a suggéré Spinoza (1632-1677), l’éthique est la science et la conscience du bien et du mal. Assurément, c’est là une démarche non pas religieuse, mais philosophique.

À propos de Spinoza, philosophe que l’on peut qualifier de « mystique » tant il fut épris de spiritualité et d’éthique, certaines sources indiquent qu’il fut en contact avec les Rose-Croix du XVIIe siècle. On notera d’ailleurs qu’il fut très influencé par Descartes (1596-1650), dont on sait qu’il fut un partisan de la fraternité rosicrucienne de l’époque. Quoi qu’il en soit, il existe de nombreuses concordances entre la philosophie spinozienne et la philosophie rosicrucienne. La lecture de ce livre devrait vous en convaincre, étant entendu qu’il n’a évidemment pas la prétention, loin s’en faut, d’expliciter ou de paraphraser celui qui est considéré comme l’un des plus grands philosophes de tous les temps. En outre, il ne s’adresse pas à une élite intellectuelle, mais à ceux et celles qui sont en quête de connaissance et de sagesse.

S’il est vrai que le bien et le mal sont des notions arbitraires, il existe néanmoins des comportements fondamentalement bons et d’autres fondamentalement mauvais. C’est ainsi que faire preuve de tolérance, d’intégrité, d’humilité, de non-violence, de bienveillance, etc., contribue à ce que l’on appelle couramment « le bien », tandis que se montrer intolérant, malhonnête, orgueilleux, violent, malveillant, etc., participe de ce que l’on nomme communément « le mal ». À moins d’être de “mauvaise foi” ou de n’accorder aucune importance à l’éthique, on devrait convenir que cette distinction est fondée et qu’elle constitue un repère qui permet aux êtres humains de se comporter en société d’une manière positive plutôt que négative. En effet, faire preuve d’éthique les conduit nécessairement à « mieux vivre ensemble », ce qui devrait être une préoccupation majeure pour eux.

Le but de ce livre est double : d’une part évoquer la nécessité pour l’humanité de s’ouvrir à davantage de spiritualité et de faire de l’éthique le fondement de ses choix ; d’autre part présenter les grandes lignes de la spiritualité et de l’éthique rosicruciennes, telles que l’Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix les véhicule à travers son enseignement et sa philosophie. Aussi, j’espère que vous le lirez avec intérêt et qu’il suscitera en vous réflexions et interrogations.

Avec mes meilleures pensées.

Serge Toussaint

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