Lettre ouverte à ceux et celles qui s’intéressent à la Rose-Croix

« Les Rose-Croix sont une sorte de chaînon manquant entre les Templiers et les Francs-Maçons, qui permet de dire qu’il y a eu une lignée ininterrompue de trans- missions ésotériques. »

Frédéric Lenoir

Pourquoi cette lettre ouverte? Tout simplement parce que j’ai constaté que le site internet de l’A.M.O.R.C. (www.rose-croix.org) et le blog Rose-Croix (www.blog-rose-croix.fr) sont de plus en plus consultés, et que de plus en plus de personnes nous contactent pour avoir davantage d’informations ou plus de précisions sur l’histoire, l’enseignement ou la philosophie des Rose-Croix. J’ai donc pensé utile de m’adresser à ces personnes et d’anticiper des questions qu’elles pourraient se poser sur l’Ordre de la Rose-Croix. Peut-être en faites-vous partie ?

Tout d’abord, et comme le confirme le dossier de presse consultable sur son site internet, l’A.M.O.R.C. est bien perçu par les observateurs qui lui sont extérieurs. Comme vous l’avez peut-être constaté, on y trouve de nombreux témoignages et attestations qui montrent qu’il s’agit d’un mouvement philosophique et spiritualiste n’ayant rien de commun avec une secte. Dans plusieurs pays du monde, il est même reconnu d’utilité publique en raison notamment de sa contribution à la culture, à l’éducation et à la paix. Ouvert aux hommes comme aux femmes, sans distinction de nationalité, de classe sociale ou de religion pour ceux et celles qui en suivent une, il a pour devise : « La plus large tolérance dans la plus stricte indépendance ». En cela, il constitue une Fraternité mondiale représentative de toute l’humanité, et privilégie l’unité dans la diversité.

Un mouvement philosophique très ancien

Si vous avez consulté attentivement la rubrique « Histoire », vous avez pu constater également que l’A.M.O.R.C. n’est pas un mouvement new age ou de création récente, comme il en existe tant de nos jours. Sur le plan historique, il est apparu au début du XVIIe siècle, au moment de la parution de trois Manifestes : la « Fama Fraternitatis » (1614), la « Confessio Fraternitatis » (1615) et les « Noces chymiques de Christian Rosenkreutz » (1616). Quelques années plus tard, en 1623, les Rose-Croix se firent connaître davantage avec le placardage de mystérieuses affiches dans les rues de Paris : « Nous, Députés du Collège principal de la Rose-Croix, faisons séjour visible et invisible dans cette ville… » Sur le plan traditionnel, l’Ordre de la Rose-Croix est beaucoup plus ancien puisqu’il remonte aux Écoles de Mystères de l’Ancienne Égypte, à l’époque de la XVIIIe dynastie. Robert Fludd, membre éminent de la Fraternité rosicrucienne de l’époque, déclara d’ailleurs dans un livre intitulé « Silentium post clamores » : « Nos origines sont égyptiennes, brahmaniques, issues des Mystères d’Eleusis et de Samothrace, des mages de Perse, des Pythagoriciens et des Arabes. »

Comme le montrent des documents d’archives, l’héritage culturel et spirituel des Rose-Croix du XVIIe siècle se perpétua à travers divers courants et mouvements plus ou moins traditionnels et authentiques. Des penseurs et des philosophes connus ont été membres de ces courants et de ces mouvements, ou en contact direct ou indirect avec eux : Léonard de Vinci, Paracelse, Francis Bacon, Michael Maïer, Amos Comenius, Johannes Kepler, René Descartes, Blaise Pascal, Isaac Newton, Wilhelm Leibniz, etc. S’agissant de l’Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix, il fut fondé en 1909 par Harvey Spencer Lewis, sous le parrainage de Rosicruciens établis dans la région de Toulouse. Il s’étendit rapidement au monde entier et constitue de nos jours le mouvement rosicrucien le plus connu et le plus dynamique. Vous noterez d’ailleurs que si vous saisissez le mot « Rose-Croix » dans un moteur de recherche, c’est généralement l’A.M.O.R.C. qui apparaît.

J’ai bien conscience que le mot « Ordre » est parfois mal perçu, y compris par des personnes intéressées par l’A.M.O.R.C. Indépendamment de la connotation très négative que lui a donné l’Ordre du Temple Solaire, secte néo-templière avérée, beaucoup confèrent à ce mot un caractère religieux, en référence à l’Ordre des Bénédictins, des Trappistes, des Chartreux, des Cisterciens, des Passionnistes, etc. C’est oublier que l’on parle aussi de l’Ordre des Médecins, des Pharmaciens, des Avocats, des Architectes, des Géomètres, des Comptables, des Compagnons, etc. Il a alors le sens de « Confraternité ». C’est d’ailleurs sous ce terme que l’Ordre de la Rose-Croix est désigné dans l’affiche de 1623 : « Mais si la volonté du chercheur le porte à s’inscrire sur le registre de notre Confraternité… ». L’A.M.O.R.C. est donc une Fraternité qui réunit des hommes et des femmes ayant en commun d’étudier l’enseignement qu’il met à leur disposition.

L’Ordre de la Rose-Croix n’est pas une religion

Le terme « Rose-Croix » peut également poser problème à certaines personnes, car il laisse entendre a priori que l’A.M.O.R.C. est une religion. Si, comme je le présume, vous avez parcouru les diverses rubriques de son site internet, vous avez certainement acquis la certitude que ce n’est pas le cas. Comme cela est rappelé à plusieurs reprises, la croix représente le corps physique de tout être humain, et la rose rouge placée au centre symbolise son âme en voie d’évolution. Tout spiritualiste pourrait faire sien ce symbole tant il est universel et intemporel. Rappelez-vous également que le symbole des premiers Chrétiens n’était pas une croix mais un poisson, désigné en grec sous le nom d’« Ichtus ». C’est au VIe siècle que les Pères de l’Église chrétienne ont décidé de remplacer le poisson (allusion au fait que Jésus et ses apôtres se disaient « pêcheurs d’hommes ») par la croix de la crucifixion. Depuis, de nombreuses personnes, croyantes comme athées, pensent à tort que la croix est la “propriété” exclusive de l’Église chrétienne.

À propos de religion, il est un fait que dans les décennies passées, la majorité des membres de l’A.M.O.R.C. étaient Chrétiens, plutôt catholiques, auxquels s’ajoutaient des Juifs, des Musulmans, des Bouddhistes… en nombre beaucoup plus restreint. De nos jours, 90 % des Rosicruciens ne suivent aucune religion, en particulier dans les jeunes générations. Cela s’explique par le fait qu’ils n’adhèrent plus aux dogmes sur lesquels les « religions du livre » sont fondées : Adam et Ève comme couple d’où l’humanité serait issue, péché originel, paradis et enfer, résurrection des morts, péchés véniels et mortels, etc., sans parler des graves dérives dont certaines religions se sont montrées coupables. À cet égard, il est très important de faire la distinction entre la « religiosité », laquelle repose sur la croyance en des dogmes que le bon sens devrait suffire à réfuter, et la « spiritualité », qui s’apparente à une quête de connaissance et de sagesse. Comme vous l’aurez compris, les membres de l’A.M.O.R.C. sont spiritualistes mais non religieux pour la grande majorité d’entre eux.

L’enseignement rosicrucien

Pour en revenir à la Rose-Croix, sans doute avez-vous remarqué qu’elle possède douze lobes, référence aux douze degrés de l’enseignement rosicrucien. Le contenu général de ces douze degrés étant quelque peu dévoilé dans la rubrique « Enseignement » du site de l’A.M.O.R.C., je vous laisse le soin de vous y reporter (à nouveau) pour en savoir plus à son sujet. De mois en mois et d’année en année, ses membres ont accès à un très grand nombre de sujets mystiques, ésotériques, métaphysiques, philosophiques et spirituels, traités à la lumière de la Tradition rosicrucienne. Certes, on nous objecte parfois que ces sujets ne sont pas spécifiques à l’A.M.O.R.C. et qu’on les trouve dans divers livres et sur des sites internet. C’est possible pour certains d’entre eux, mais encore faut-il qu’ils soient traités correctement, ce qui est loin d’être le cas. À titre d’exemples, ce qui est dit à propos de l’aura, des chakras, des mantras, de la méditation, de la visualisation, de la régénération, de l’extension de la conscience, etc., est souvent erroné, approximatif, voire fantaisiste. Et à ma connaissance, certains sujets ne sont étudiés que dans l’Ordre de la Rose-Croix.

La spécificité de l’enseignement rosicrucien réside dans le fait qu’il est complet, à la fois théorique et pratique, structuré, et transmis de façon graduelle, d’où son caractère initiatique. Il ne s’adresse pas au mental, lequel disparaît au moment de la mort, mais à l’âme elle-même, laquelle est immortelle en essence et évolue de vie en vie, d’incarnation en incarnation. En cela, la voie rosicrucienne vise à l’épanouissement, non pas intellectuel, mais spirituel de l’être humain. Cela revient à dire que le Rosicrucianisme, comme je l’ai indiqué précédemment, s’apparente à une quête de connaissance et de sagesse. C’était vrai dans les siècles passés ; ça l’est toujours aujourd’hui. Ce qui a changé, c’est la manière de transmettre l’enseignement rosicrucien : jadis, cela se faisait oralement, de bouche à oreille, dans des lieux tenus secrets pour échapper aux persécutions religieuses et politiques ; de nos jours, les membres de l’A.M.O.R.C. le reçoivent à leur domicile sous la forme de manuscrits qui leur sont adressés par voie postale ou auxquels ils ont accès par internet.

La philosophie rosicrucienne

Tout comme la rose est indissociable de la croix, la philosophie de l’A.M.O.R.C. est indissociable de son enseignement. Comme je l’ai indiqué à plusieurs reprises, elle est fondée sur une quête de sagesse. Mais qu’est-ce que la sagesse ? D’un point de vue rosicrucien, c’est l’état de conscience de toute personne qui manifeste dans son comportement les qualités (Socrate les appelait « vertus ») que l’on attribue à l’âme humaine, dans ce qu’elle a de plus divin : la patience, l’intégrité, la tolérance, la bienveillance, la générosité, la non-violence, etc. Pour reprendre les termes de Comenius, célèbre Rose-Croix du XVIe siècle, considéré de nos jours comme le père spirituel de l’Unesco, quiconque a atteint cet état est devenu « un être accompli ». Dans l’absolu, il n’est plus dans l’obligation de se réincarner. En termes bouddhistes, il a atteint l’état de Bodhisattva et a mis fin au samsara (le « grand cycle des renaissances »). Dans la terminologie rosicrucienne, on dit qu’il a atteint l’état de Rose-Croix.

Dans son aspect pratique, la philosophie rosicrucienne a pour but de faire de nous, non pas de « bons citoyens », d’autant que cette notion est très subjective, mais de « bons êtres humains », c’est-à-dire des hommes et des femmes qui s’évertuent à exprimer le meilleur d’eux-mêmes dans la vie quotidienne. Convaincus de cela, les membres de l’A.M.O.R.C. ont en commun de pratiquer l’alchimie spirituelle, laquelle consiste à travailler sur soi-même pour transmuter graduellement nos défauts (nous en avons tous) en leurs qualités opposées. Ce faisant, non seulement ils évoluent spirituellement, ce qui est le but fondamental de l’existence, mais ils contribuent également à améliorer la société. C’est en cela qu’ils sont à la fois spiritualistes et humanistes. Vous conviendrez certainement que si la majorité des habitants de notre planète s’employaient à faire de même, le monde irait infiniment mieux. Cela rappelle cette maxime de Socrate : « L’humanité s’élève chaque fois qu’un être humain s’améliore. »

Les réunions entre Rosicruciens

Parmi les questions qui nous sont régulièrement posées , il y a celle de savoir si les membres de l’A.M.O.R.C. se limitent à étudier son enseignement chez eux, ou s’ils peuvent aussi en rencontrer d’autres. Effectivement, ceux qui le souhaitent ont la possibilité de se rendre dans des Organismes locaux et de participer à des réunions au cours desquelles ils réfléchissent et méditent ensemble sur des sujets traités dans l’Ordre de la Rose-Croix, et ce dans une ambiance favorable à l’échange. Ils peuvent également y recevoir les initiations qui précèdent chacun des douze degrés, sous la conduite d’un collège d’Officiers. Bien que non obligatoires, elles constituent de beaux moments mystiques et permettent d’intégrer davantage encore la dimension initiatique de la Tradition rosicrucienne. Par ailleurs, l’A.M.O.R.C. organise régulièrement des conventions, des séminaires et des voyages qui sont autant d’opportunités de rencontres fraternelles. À titre d’information, il y a environ 30 % des membres de l’Ordre qui fréquentent un Organisme local, les autres se limitant à étudier chez eux.

Dans un tout autre ordre d’idées, je sais que certaines personnes intéressées par l’A.M.O.R.C. sont quelque peu “refroidies” par la durée de l’enseignement rosicrucien : environ sept ans pour atteindre le douzième et dernier degré. Il est vrai qu’en cette époque où beaucoup veulent aller vite dans tout ce qu’ils font, une telle durée peut sembler rébarbative. Cela étant, la patience, la constance et la persévérance sont trois vertus que tout être humain devrait s’employer à éveiller, y compris dans le cadre de sa vie matérielle, pour ne pas dire “profane”. Par ailleurs, comment penser qu’une quête authentique de connaissance et de sagesse puisse se faire en deux-trois ans ou à travers quelques cours ou vidéos sur internet ? Il a fallu des centaines de milliers d’années pour qu’émerge l’Homo sapiens, espèce à laquelle nous appartenons. C’est dire si l’évolution de l’être humain, et donc de l’âme humaine, s’inscrit dans le temps long. Et si, comme moi, vous adhérez à la réincarnation, vous comprendrez qu’il n’y a pas de “raccourci” en matière de mysticisme. Dès lors, que représentent quelques années d’étude au regard de l’éternité ?

Une cotisation raisonnable

Au risque de vous surprendre, je souhaiterais également aborder un point particulier : celui de la cotisation qu’il faut régler à l’A.M.O.R.C. pour en faire partie. Il est arrivé que l’on me demande pourquoi l’accès à l’enseignement rosicrucien, jugé très intéressant, n’est pas gratuit. En premier lieu, parce qu’une quarantaine de personnes travaillent au siège de l’Ordre, en Normandie, et sont rémunérées : secrétaires, informaticiens, techniciens, webmaster, archivistes, service des expéditions, imprimerie, entretien des locaux, du parc, etc. En second lieu, parce que la gratuité, si elle était possible, banaliserait l’affiliation rosicrucienne et ne la distinguerait pas de l’appartenance à une religion. Certes, je suis conscient que pour certains membres, la cotisation nécessite un effort. Cela étant, son montant est raisonnable comparé à celle qui est exigée dans d’autres associations culturelles, philosophiques ou autres. Et elle est moindre au regard du montant de participation demandé pour des stages ou des séminaires de développement personnel et autres pratiques new age. J’ajouterai qu’il existe des tarifs réduits pour les jeunes et les personnes vivant dans les pays défavorisés sur le plan économique.

Je ne voudrais pas conclure sans rappeler que l’Ordre de la Rose-Croix est une École de liberté, en ce sens que chaque membre est entièrement libre de mettre fin à son affiliation, de le réintégrer après l’avoir quitté, de fréquenter ou non un Organisme local, d’étudier l’enseignement comme il l’entend, étant entendu que la Grande Loge se tient à sa disposition pour tout échange concernant ses études rosicruciennes. D’une manière générale, il est attendu de lui qu’il soit, non pas un libre penseur (bien que ce soit son droit le plus absolu), mais plutôt un penseur libre, à tel point qu’il lui est demandé dès le début de son affiliation de toujours demeurer un « vivant point d’interrogation » à l’égard de ce qui lui est enseigné dans le cadre de l’A.M.O.R.C. En fait, la liberté de pensée est indissociable de l’éthique et de la philosophie rosicruciennes.

C’est donc sur cette notion de liberté que je terminerai cette lettre ouverte adressée aux personnes intéressées par l’Ordre de la Rose-Croix, étant entendu que si c’est votre cas, n’hésitez pas à contacter la Grande Loge pour d’autres informations ou précisions :

amorc@rose-croix.org
02 32 35 41 28

Avec mes meilleures pensées,
Serge Toussaint

Partager cet article

Laisser un commentaire

*

Articles récents
Articles similaires